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Analyse des drogues en laboratoire : le LNS identifie les substances dangereuses

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Analyse des drogues en laboratoire :  le LNS identifie les substances dangereuses
2021 06-25

Le service de toxicologie analytique et de chimie pharmaceutique a été créé en 2016 et fait partie du département de médecine légale du Laboratoire national de santé (LNS). Sa tâche principale est l’identification des substances addictives et de leur dosage. L’unité est également chargée du contrôle et de l’analyse des médicaments, des compléments alimentaires et des produits d’origine inconnue soupçonnés de contenir des substances médicamenteuses ou illicites. L’équipe travaille en étroite collaboration avec la police, les douanes, le ministère de la Santé, le ministère de la Protection des consommateurs, ainsi qu’avec les médecins, les pharmaciens, les clients privés et la Direction européenne de la qualité des médicaments (DEQM).

Le Dr sc. Serge Schneider est à la tête de ce service depuis 2011. À l’occasion de la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues le 26 juin, il nous parle de la contribution de son unité à la lutte contre le trafic et l’abus de drogues.

  1. À quoi ressemble le travail quotidien de votre équipe ? Quelles sont vos tâches ?

Notre tâche principale est l’analyse et le contrôle des drogues. Nous analysons la composition et le dosage d’échantillons de toutes sortes, en travaillant main dans la main avec les autorités judiciaires. Nous recevons 80 à 90% de nos demandes de la police ou des douanes. S’ils tombent sur des poudres, des cristaux ou des pilules, comme c’est souvent le cas à l’aéroport ou à la gare, ils peuvent effectuer des tests rapides, mais ceux-ci sont parfois défectueux et ne tiennent pas la route devant un tribunal. Selon les recommandations internationales, chaque échantillon doit être testé deux fois en utilisant des méthodes d’analyse différentes. C’est là que nous intervenons, recevant une demande officielle des douanes, de la police ou de la justice. L’échantillon passe ensuite par une procédure strictement réglementée : il est photographié et pesé, puis examiné à l’aide de diverses méthodes chimio-physiques (p.ex. la spectrométrie de masse ou la spectrométrie UV). À l’aide d’une base de données, nous pouvons alors déterminer de quelle substance il s’agit.

  1. Quelles substances rencontrez-vous habituellement dans vos analyses et que se passe-t-il ensuite ?

Principalement les « suspects habituels » : +/- 40% des échantillons sont du cannabis, depuis 1-2 ans également de plus en plus de chanvre (THC <0,3%), environ 20-25% de cocaïne, 10-15% d’héroïne et environ 5-10% d’amphétamines. Les autres échantillons relèvent de la catégorie « divers », comme, par exemple, les NSP (nouvelles substances psychoactives), appelées « drogues de synthèse ». Dans nos analyses, cependant, il ne s’agit pas seulement d’identifier les constituants des substances, mais aussi de déterminer les rapports quantitatifs auxquels nous avons affaire. La majorité des drogues que nous analysons sont des « drogues sales », c’est-à-dire qu’elles sont composées de différentes substances. L’héroïne, à titre d’exemple, n’est jamais de l’héroïne à 100%, mais un mélange d’environ 50% de paracétamol, 25% de caféine et 10-20% d’héroïne. Nous déterminons la composition exacte lors d’un second examen de l’échantillon. Notre rapport détaillé est ensuite transmis à la Justice.

  1. Quand est-ce qu’un échantillon est-il particulièrement suspect ?

Un échantillon est suspect lorsqu’il est particulièrement propre ou très sale. Une dose courante d’héroïne contient normalement 10 à 20 % d’héroïne. Un échantillon contenant plus de 30 % d’héroïne peut entraîner une overdose dangereuse chez le consommateur. Par conséquent, dans ces cas, un rapport est envoyé au ministère de la Santé, qui peut émettre un avertissement aux consommateurs. Ces informations sont également transmises par le ministère de la Santé à l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) à Lisbonne. Un rapport est également adressé aux autorités si des médicaments sont mélangés à des médicaments non autorisés (contamination de 10% ou plus) ou si la présence d’extenseurs dangereux pour la santé est détectée. Les autorités sanitaires sont également toujours informées si de nouveaux types de drogues de synthèse sont détectés. Il s’agit généralement de cannabinoïdes synthétiques conçus pour imiter l’effet du cannabis. Le cannabis est illégal et en produisant une nouvelle substance qui ressemble au cannabis mais n’en est pas, les fabricants et les consommateurs tentent de contourner l’interdiction. Cependant, les NSP peuvent également être des substances naturelles qui existent depuis longtemps, qui sont nouvellement découvertes et qui n’étaient tout simplement pas présentes sur le marché luxembourgeois jusqu’à présent, comme par exemple dans le cas de l’ayahuasca. Dans divers pays d’Amérique du Sud, l’ayahuasca est autorisée à des fins de consommation biens définies, mais dans notre pays, cette substance est interdite.

  1. Racontez un événement concret de votre travail quotidien.

Un exemple est le cas de ce consommateur qui s’est rendu dans un centre de conseil pour toxicomanes au Luxembourg pour signaler qu’il avait fumé un joint suspect. L’utilisateur a déclaré qu’il consommait régulièrement du cannabis, mais cette fois-ci, il s’est senti malade, quelque chose clochait avec cette substance. Le centre de conseil nous a alors envoyé un échantillon de la substance et nous avons pu détecter le MDMB-CHMINACA, un cannabinoïde de synthèse. Le ministère de la Santé a alors émis un avertissement. Ces rapports sont publiés environ 1 à 3 fois par an dans les médias luxembourgeois et contribuent ainsi à la protection de la population contre les drogues ou les mélanges de drogues dangereux.

 

Projets

Le service de toxicologie analytique et de chimie pharmaceutique mène actuellement plusieurs projets de recherche, la plupart en collaboration avec des universités et des instituts de recherche nationaux ou internationaux.

Un aperçu:

Drug Checking : dans le cadre de ce projet, les consommateurs des centres de consommation de drogues donnent volontairement une petite quantité de leur échantillon pour analyse. Cela permet de comparer la qualité des échantillons saisis par les douanes/police à celle des échantillons utilisés dans les centres de consommation. Il convient de noter que les échantillons de drogues provenant des centres de consommation étaient de qualité nettement inférieure.

PiPaPo Luxembourg : les consommateurs de drogues remettent volontairement une petite quantité de leurs substances (principalement de l’ecstasy, des amphétamines, de la cocaïne) pour analyse lors de festivals (p.ex. e-Lake). Cela permet d’enregistrer la qualité des drogues récréatives au Luxembourg. Le projet est réalisé en collaboration avec 4-motion.

Drogues dans les eaux usées : en collaboration avec l’Institut luxembourgeois des sciences et de la technologie (LIST), les drogues les plus courantes (cocaïne, cannabis, héroïne, amphétamines, ecstasy) sont analysées dans différentes stations d’épuration. Les résultats fournissent des informations sur la fréquence des drogues consommées. En comparaison avec diverses villes d’Europe, des concentrations de cocaïne supérieures à la moyenne ont ainsi été détectées au Luxembourg.