La recherche biomédicale et le diagnostic génétique au Luxembourg vont connaître, dans les mois à venir, un formidable bond en avant. Après plus d’un an de négociations, le Laboratoire national de santé (LNS) a signé en janvier 2018 une convention de collaboration avec le Luxembourg Institute of Health (LIH) pour la création de LuxGen, le premier centre national de séquençage.
Dotée d’équipements de pointe, cette nouvelle plateforme technologique va permettre à la communauté de chercheurs dans les sciences du vivant d’avoir accès à la technologie de séquençage de nouvelle génération (NGS ou Next Generation Sequencing). Capable de lire – on utilise le terme de « séquencer » -simultanément de grandes fractions d’ADN, le NGS regroupe un ensemble de méthodes qui permettent de décrypter rapidement, et à un coût raisonnable, l’ADN d’une personne, d’obtenir de nombreuses informations sur son patrimoine génétique et d’établir des diagnostics plus précis en cas d’anomalies.
Autre avantage de LuxGen, et non des moindres : la centralisation et la mutualisation des équipements. La préparation des librairies de séquençage les différents ensembles de fragments d’ADN qui doivent être séquencés se fera dans deux laboratoires satellites au LNS et au LIH – tandis que le séquençage sera centralisé dans les locaux du département de génétique du LNS à Dudelange.
« LuxGen sera d’une aide très précieuse pour tous les chercheurs en biomédecine de ce pays », commente le Dr Gunnar Dittmar (LIH) qui dirigera conjointement LuxGen avec le Dr Daniel Stieber (LNS). « Ils n’auront plus besoin d’envoyer leurs échantillons dans des laboratoires étrangers ou mener des projets de séquençage en dehors du pays. Avoir une plateforme locale va non seulement faciliter leurs travaux de recherche mais aussi leur offrir une plus grande sécurité pour le stockage de leurs données. » « Cette nouvelle structure permettra également au LNS, et à son département génétique en particulier, d’asseoir encore un peu plus son expertise en matière de diagnostic », poursuit le Dr Daniel Stieber. « Grâce au séquençage de nouvelle génération, nous pourrons dorénavant proposer à tous les laboratoires, hôpitaux et autres organismes qui en font la demande des analyses de plus en plus fines qui permettront de détecter plus facilement les anomalies de l’ADN à l’origine de certains cancers et de maladies génétiques. Je pense, par exemple, au test prénatal non invasif (NIPT) qui permet de dépister, avec une sensibilité de 99,9 %, le syndrome de Down (trisomie 21) chez le fœtus par examen de l’ADN fœtal circulant dans le sang de la femme enceinte. »
« Cette collaboration avec le LIH pour la création d’une plateforme commune est importante à plus d’un titre », précise le Professeur Friedrich Mühlschlegel, directeur du LNS et futur co-responsable de LuxGen avec le Dr Ulf Nehrbass, CEO du LIH. « Elle nous permet non seulement de mutualiser les coûts pour l’acquisition du matériel nécessaire au séquençage de nouvelle génération mais aussi de renforcer notre visibilité et de tendre toujours plus vers l’excellence tout en jouant l’ouverture. Même si la plateforme LuxGen sera principalement utilisée par les équipes de nos deux institutions, elle reste accessible aux autres laboratoires et unités de recherches. »