bg image

Dr. Ann-Christin Hau : Neuro-oncologue en voie directe vers le patient

  • accueil
  • Actualités
  • Dr. Ann-Christin Hau : Neuro-oncologue en voie directe vers le patient
Dr. Ann-Christin Hau : Neuro-oncologue en voie directe vers le patient
2021 02-13

Dans le cadre de la Journée internationale des femmes et des filles dans la science, nous vous présentons des représentantes de cette excellence féminine au LNS qui nous donnent un aperçu de leur travail dans les trois interviews suivantes, en nous détaillant ce qui est particulièrement important à leurs yeux dans leur domaine et comment elles voient le rôle des femmes dans les sciences. Voici le portrait du Dr. Ann-Christin Hau, PhD en neurosciences, biologie moléculaire et développementale. Depuis décembre 2020, le Dr. Ann-Christin Hau mène des recherches sur les maladies neurologiques et les modifications malignes du cerveau au National Center of Pathology du LNS au sein de l’équipe du Pr. Dr. Michel Mittelbronn.

Comment avez-vous atterri au LNS et quel est votre rôle ici ?

Je suis arrivée au LNS par l’intermédiaire du Pr. Dr. Michel Mittelbronn, qui a a été mon collaborateur et mon conseiller pendant une grande partie de ma carrière professionnelle. Avant cela, je travaillais déjà au Luxembourg, dans le groupe du professeur Simone Niclou, directrice du département d’oncologie du Luxembourg Institute of Health (LIH), où j’ai passé cinq ans à rechercher des modèles d’application pour les tumeurs cérébrales malignes. Aujourd’hui au LNS je fais de la recherche translationnelle sur le système nerveux central, associée au diagnostic, avec un accent très concret sur le patient. À titre d’exemple, l’étude épigénétique d’une tumeur cérébrale peut être très utile pour le diagnostic et le traitement des patients cancéreux.

Qu’est-ce qui est particulièrement important pour vous dans le cadre de vos recherches? Pourquoi avez-vous choisi ce domaine de recherche ?

À titre personnel, le chemin fut long et sinueux avant d’arriver jusqu’au patient ou à l’être humain. J’ai commencé par des recherches fondamentales sur un organisme modèle, Drosophila melanogaster, un membre de la famille des mouches des fruits. J’y ai fait des recherches sur la régulation transcriptionnelle des gènes pendant les processus de développement : comment les gènes sont-ils activés dans les tissus et comment cela affecte-t-il le développement d’un organe, par exemple ? Cela me faisait incroyablement plaisir. Cependant, l’applicabilité concrète de mes recherches m’a manqué. Si la recherche fondamentale est extrêmement importante, il est beaucoup plus satisfaisant de voir les bénéfices directs pour les patients. Je suis donc restée fidèle à la neuroscience en tant que telle, mais je me suis de plus en plus concentrée sur son application concrète pour le traitement des maladies. Ce qui m’a également amenée à étudier en parallèle la médecine humaine pendant mon temps libre, et ce depuis 2019.

Comment voyez-vous le rôle des femmes dans les sciences ? Y a-t-il encore des différences par rapport aux collègues masculins ?

J’ai l’impression que certaines femmes qui sont allées loin dans leur carrière ont une certaine dureté, surtout parmi la génération plus âgée, elles paraissent assez sévères, ce qui témoigne du chemin difficile qu’elles ont dû parcourir. Je pense que dans la génération dont je me considère comme faisant partie, nous avons plus de possibilités de nous comporter comme nous le souhaitons. Cependant, de nombreuses femmes préfèrent encore choisir le rôle de manager plutôt que celui de chef d’équipe car dans ce rôle, on est moins exposé aux critiques et on a l’air plus accessible. C’est exactement le problème. Ce concept d’inaccessibilité doit être brisé par la jeune génération de femmes, et les jeunes scientifiques doivent être encouragées et promues en conséquence. S’agissant des différences entre les sexes, j’ai remarqué que les hommes dans le domaine scientifique semblent souvent très charismatiques avec beaucoup d’autopromotion et de présentation de projets, alors que les femmes travaillent de manière plus systématique et structurée. C’est la raison pour laquelle je préfère aussi travailler dans des groupes composés uniquement de femmes, car nos méthodes de travail conceptuelles sont similaires. Toutefois, la science exclut par définition la zone de confort personnel, et les approches différentes des hommes et des femmes sont souvent rentables et complémentaires au service de l’acquisition de connaissances scientifiques.

Qu’est-ce qui fait des femmes de meilleures scientifiques ?

La plupart des gens seraient d’accord pour dire que les scientifiques femmes et hommes se trouvent sur un pied d’égalité et je pense que l’interaction complexe entre les compétences et les capacités mixtes, à commencer par la compétence sociale et les différentes approches de la science jusqu’à la mise en œuvre des idées de projet, est très efficace, c’est pourquoi je ne dirais pas que les femmes sont les meilleures scientifiques.

Mais certainement pas les pires 😉