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LE DÉPARTEMENT REDONNE DU SENS À SON ACTION

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LE DÉPARTEMENT REDONNE DU SENS À SON ACTION
2018 12-17

Dans le cadre du rapport annuel 2017 du LNS, nous avons réalisé une série d’interviews et de reportages pour mieux présenter le LNS à travers son personnel et ses différents départements.  Voici le sixième interview qui met en scène le Pr Dr Michel Mittelbronn suivi du reportage correspondant. Bonne découverte!

Neuropathologiste spécialisé de l’Université de Tübingen, Michel Mittelbronn a été pendant huit ans à la tête de l’unité de diagnostic en neuropathologie de l’Institut neurologique de la Goethe University Frankfurt/Main, le plus ancien centre de recherche sur le cerveau en Allemagne et l’un des plus grands instituts de neuropathologie en Europe. En janvier 2017, il rejoint le Laboratoire national de santé (LNS) dans le cadre d’une nomination conjointe au Luxembourg Institute of Health (LIH) et au Luxembourg Centre for Systems Biomedicine (LCSB) de l’Université du Luxembourg. Doté d’une Chaire PEARL du Fonds National de la Recherche, le Pr Dr Mittelbronn crée la première unité de diagnostic de neuropathologie au sein du département de pathologie morphologique et moléculaire du LNS. Deux mois plus tard, en mars 2017, il prend la tête dudit département.

GAGNER EN HUMANITÉ ET EN CRÉDIBILITÉ

« Lorsque l’on m’a proposé ce poste, je n’ai pas hésité longtemps », se souvient le Pr Dr Mittelbronn, « car j’ai rapidement constaté à quel point le Laboratoire, et le département de pathologie morphologique et moléculaire en particulier, possédait des personnes très compétentes et un matériel tout aussi performant. Ma première mission a été d’éviter le transfert des analyses spécifiques vers des laboratoires en dehors du Luxembourg. Lors de mon entrée en fonction comme chef du département, près de 40 à 45 % des prélèvements étaient traités à l’étranger – principalement en Allemagne – et les délais de transmission des résultats aux cliniciens et aux patients étaient très longs. J’ai donc pris la décision de former des groupes de spécialisation avec, à leur tête, un responsable, l’objectif étant que les pathologistes puissent se concentrer sur une thématique particulière. Ainsi, le département compte à présent deux services. Le service d’anatomie pathologique a pour missions principales d’effectuer le diagnostic des lésions cancéreuses et précancéreuses ainsi que celui des lésions inflammatoires. Il se compose des unités de pathologie moléculaire, de cytologie hématologique, de neuropathologie et de réception des échantillons. Le service de cytologie gynécologique a pour objectif le dépistage des cancers du col utérin. »

« Cette spécialisation a permis aux pathologistes du département de participer davantage aux différents comités de thérapie du cancer (tumor boards) qui, en fonction du type de tumeur (cancer du poumon, cancer du sein, tumeur cérébrale, etc.), réunissent, au sein des hôpitaux, chirurgiens, radiothérapeutes et médecins oncologistes pour discuter du choix du meilleur traitement pour les différents patients. Non seulement ces comités interdisciplinaires permettent d’offrir une meilleure stratégie thérapeutique aux patients – et, partant, d’allonger leur espérance de vie – mais aussi de rapprocher notre département des cliniciens et des patients eux-mêmes. Le département n’est plus une entité froide et impersonnelle mais un groupe d’hommes et de femmes qui participent activement à la santé publique du pays. Ce rapprochement entre notre département et les cliniciens a aussi mis fin à toute une série de malentendus où il était reproché, souvent à tort, à notre département d’avoir commis des erreurs d’analyses. Notre département a gagné en humanité, mais aussi en crédibilité. »

S’OUVRIR AUX CLINICIENS MAIS AUSSI AUX PATIENTS

« Pour diminuer le nombre de sous-traitants et aboutir, à terme, à la prise en charge complète des analyses par le département, j’ai également engagé, en collaboration avec le service des ressources humaines, quatre pathologistes supplémentaires, des techniciens de laboratoires ainsi que des secrétaires. Le rôle des secrétaires est primordial dans tout le processus. Il existe certes des logiciels mais les secrétaires doivent être capables de tout gérer, de la réception des prélèvements aux comptes rendus diagnostiques envoyés aux hôpitaux ou aux cliniciens. Nous sommes à présent 92 personnes réparties au sein des deux services et des quatre unités et le processus de recrutement n’est pas encore terminé. Mais, contrairement à certaines institutions comparables à la nôtre, nous avons l’embarras du choix. Actuellement, pour chaque poste vacant, nous recevons plusieurs candidatures. Cette situation tend à prouver que l’image de notre département s’est singulièrement améliorée en 2017, notamment grâce aux nombreuses publications de mes collègues. Une dynamique s’est créée au sein de notre département et le public concerné commence à s’en apercevoir. »

« Nous avons également développé une politique d’ouverture à l’égard des patients eux-mêmes en mettant en place une permanence téléphonique du lundi au vendredi de 8h00 à 17h00. Dès réception de leurs résultats d’analyses d’anatomie pathologique, les patients peuvent en discuter directement avec nous soit par téléphone – le numéro de téléphone de la permanence est disponible sur le site Internet du LNS –, soit en se rendant directement sur place. Quand les patients viennent nous voir, ils sont impressionnés par la qualité de notre service et la compétence des gens qui y travaillent. Nous gagnons leur confiance et leur estime et c’est un plus pour notre département. »

COMBINER DIAGNOSTIC CLINIQUE ET ACTIVITÉS DE RECHERCHE

L’unité de diagnostic de neuropathologie fait partie du Luxembourg Centre of Neuropathology (LCNP). Cette unité est établie en collaboration avec le LIH et le LCSB de l’Université de Luxembourg, chacun des partenaires disposant d’une unité de recherche en neuropathologie – l’un est centré sur la neuro-oncologie (LIH) et l’autre sur la maladie de Parkinson (LCSB). « Ces trois unités sont placées sous ma direction », poursuit le Pr Dr Mittelbronn. « L’unité de diagnostic assure les analyses microscopiques des échantillons du système nerveux central (par exemple, les tumeurs cérébrales), de nerfs, de muscles ainsi que l’examen cytologique du liquide céphalo-rachidien. Elle procède également aux autopsies médicales ou scientifiques concernant le système nerveux central et périphérique et travaille en étroite collaboration avec le département de médecine légale pour les autopsies judiciaires. Nous réalisons également des examens génétiques et épigénétiques avec le département de génétique. L’avantage de cette unité est qu’elle collabore avec les deux groupes de recherche du LIH et du LCSB, ce qui nous permet de combiner le diagnostic clinique avec les activités de recherche. À terme, cette synergie entre les trois unités va nous donner la possibilité de créer une véritable bio-banque du cerveau. J’aimerais également que dans le futur, l’unité de diagnostic devienne un service à part entière, tout comme la pathologie moléculaire qui deviendra, à l’avenir, un élément essentiel dans la prévention et le traitement des maladies cancéreuses. »

« Je suis bien entendu fier du chemin parcouru en si peu de temps », conclut le Pr Dr Mittelbronn, « mais, personnellement, je préfère me concentrer sur tout ce qu’il nous reste encore à parcourir. Le département a redonné du sens à son action mais il faut qu’il aille encore plus loin, beaucoup plus loin. »