Ce qui était à l’origine d’un événement réservé au mois de mai est devenu un événement bisannuel : La Semaine européenne du dépistage rassemble des centaines d’organisations au printemps et à l’automne. Les institutions sanitaires et politiques de toute l’Europe sensibilisent aux avantages d’un dépistage précoce du VIH et de l’hépatite, contribuent à une meilleure connaissance des possibilités de transmission et de traitement de ces maladies, et luttent contre la stigmatisation des populations vulnérables telles que les travailleurs du sexe et les toxicomanes. La pandémie de la COVID-19 et les mesures prises pour la combattre ont entraîné un déplacement du personnel, des financements et des ressources dans le monde entier, les détournant d’autres services de santé essentiels. En octobre 2020, l’ONUSIDA a fait état d’un « déclin significatif des services de dépistage du VIH dans presque tous les pays pour lesquels des données sont disponibles ». En même temps, la pandémie a montré de quels efforts et actions de lutte contre les maladies infectieuses la communauté internationale est capable lorsqu’elle se serre les coudes. Nous devrions nous en inspirer dans la lutte contre d’autres maladies.
Les institutions de santé luxembourgeoises, telles que le Laboratoire national de santé (LNS), sont également fortement impliquées dans l’édition d’automne de la Semaine européenne du dépistage, qui se déroule du 22 au 29 novembre 2021. À cette occasion, nous avons interviewé le Dr François Hussenet du service de virologie et de sérologie du département de microbiologie du LNS. Il nous présente son service et le rôle qu’il joue dans le diagnostic et la surveillance des maladies infectieuses.
Le service de virologie et de sérologie du LNS a pour mission le diagnostic, le suivi et la surveillance épidémiologique de maladies infectieuses par sérologie, culture cellulaire et biologie moléculaire en laboratoire de sécurité de niveau 2 (P2) et 3 (P3). Nous collaborons avec les deux autres services du département de microbiologie, celui d’épidémiologie et de génomique microbienne d’une part, celui de bactériologie, de mycologie, d’antibiorésistance et d’hygiène hospitalière d’autre part. Cette collaboration porte sur l’exploitation des données scientifiques, et sur la mise au point de nouvelles méthodes de diagnostic, permettant d’identifier et cartographier les agents pathogènes circulants en vue d’élaborer une politique sanitaire visant à protéger les citoyens contre les risques d’infections bactériennes et virales.
Dans le cadre plus spécifique des infections VIH et hépatites, le laboratoire, en collaboration avec la Croix-Rouge et l’Inspection sanitaire, participe au dépistage pour certaines populations plus exposées comme notamment les prostituées et les réfugiés. En outre, il travaille avec le Centre Hospitalier du Luxembourg (CHL) et le Luxembourg Institute of Health (LIH) à la mise en place et au déploiement de la technologie NGS (Next Generation Sequencing) pour la recherche de résistances génotypiques. Cette nouvelle technologie permet d’accroître la sensibilité de détection de mutations de résistance et est utile lors de l’initiation d’un premier traitement antiviral ou chez les patients en échec thérapeutique.
Par ailleurs, le service de virologie et de sérologie, de par son expertise, est reconnu comme laboratoire national de référence OMS de la grippe. À ce titre, il participe au réseau SENTINELLE en collaboration avec le service d’épidémiologie et de génomique microbienne, les médecins volontaires, l’inspection sanitaire, l’OMS et l’ECDC pour le suivi continu des mutations du virus de la grippe par les techniques de séquençage haut débit. De même, il met également en œuvre un programme de surveillance des autres virus respiratoires (ReViLux). Le département de microbiologie et plus particulièrement le service de virologie et de sérologie a été au cœur de la lutte contre la COVID-19 depuis début 2020. Les tâches des équipes de microbiologie étaient très variées et n’ont cessé d’évoluer depuis lors.
Le but de cette semaine est d’accroître l’accès au dépistage et promouvoir la sensibilisation aux avantages d’un dépistage précoce des hépatites et du VIH. Le dépistage précoce du VIH et des hépatites est essentiel à la prévention et au traitement, mais la crise sanitaire liée à la pandémie de la COVID 19 a significativement ralenti ce dépistage. Nos objectifs pendant la semaine d’action seront donc surtout de participer à l’offre de dépistage du VIH et hépatites B et C, destinée à la population générale et aux populations plus exposées ; de sensibiliser la population générale sur l’importance du dépistage précoce pour favoriser une meilleure prise en charge thérapeutique et diminuer le risque de contamination. Nos équipes seront aussi présentes pour répondre aux questions soulevées par le dépistage ou ses résultats. En cas de séropositivité, les patients seront orientés vers les services de prise en charge appropriés situés aussi bien au Grand-Duché que dans les pays limitrophes, comme par exemple l’hôpital d’Arlon ou le CHR de Metz-Thionville.
Pendant la semaine de dépistage du 22 au 29 novembre, il sera possible de se faire dépister par prise de sang, sans ordonnance, gratuitement et de manière anonyme au LNS de 7h30 à 15h du lundi au vendredi. Je tiens à souligner que le LNS, comme d’autres structures du Grand-Duché de Luxembourg, propose ce dépistage non seulement pendant la semaine de sensibilisation, mais tout au long de l’année : gratuit et anonyme.
En tant que membre du « Comité de surveillance du SIDA, des hépatites infectieuses et des maladies sexuellement transmissibles », le LNS s’engage par ailleurs, en étroite collaboration avec tous les acteurs majeurs de la santé dans le pays, à améliorer la connaissance sur ces maladies, leur prévention et traitement.
Le Comité de surveillance du sida, des hépatites infectieuses et des maladies sexuellement transmissibles vient de publier son rapport d’activité 2019. Ce rapport constate que le nombre de personnes nouvellement incluses au Service national des maladies infectieuses (SNMI) pour une infection au VIH a augmenté par rapport à 2018 (96 en 2019 à 91 en 2018). Cependant, le nombre de nouvelles infections VIH au Luxembourg en 2019 est égale à celui de 2018. Sur ces chiffres, le LNS a réalisé un total de 1786 tests VIH et 1767 VHC en 2019, dont un total de 46 étaient positifs (10 VIH/36 VHC). Il est estimé que 15% des personnes contaminées au Luxembourg ignorent qu’elles sont séropositives. Il est donc très important de connaître son statut le plus tôt possible pour mieux être soigné soi-même et éviter de contaminer d’autres personnes. Là encore, le LNS se considère comme un pilier du système de santé luxembourgeois et souhaite que son travail contribue à servir la population du pays de manière globale et durable.