La plupart des rapports sur la préparation de l’héroïne se concentrent sur la méthode « standard », qui consiste à mélanger la poudre d’héroïne avec un acide, à ajouter de l’eau ou une solution saline physiologique et à appliquer de la chaleur pour dissoudre la poudre sans changement notable de couleur.

La méthode de préparation dite « turque » de l’héroïne entraîne des effets secondaires cliniques plus graves, c’est-à-dire des abcès et une nécrose épidermique marquée, mais elle est très appréciée par de nombreux consommateurs d’héroïne en raison de ses effets intenses.

Cette méthode consiste à chauffer de la poudre d’héroïne et de l’acide ascorbique sans ajout d’eau pour obtenir une bouillie liquide foncée. Ce n’est qu’ensuite que de l’eau salée est ajoutée et que la solution obtenue est aspirée dans une seringue pour être injectée par voie intraveineuse. La plateforme technique de toxicologie analytique et de chimie pharmaceutique du LNS et l’Abrigado (la salle des consommateurs de drogues de la ville de Luxembourg) ont étudié les réactions chimiques qui se produisent lors de la préparation de l’héroïne selon la méthode « turque ».

Comparaison des matières traitées et non traitées

Des comparaisons des concentrations d’héroïne (diacétylmorphine ou DAM), de ses produits de dégradation 6-monoacétylmorphine (MAM) et morphine, et des diluants communs que sont paracétamol et caféine ont été effectuées entre le produit non traité, après traitement selon la méthode standard et après traitement selon la méthode « turque ». Les méthodes de préparation standard et « turque » avaient en commun une diminution de la DAM par rapport au produit de départ, mais la MAM produite par la méthode « turque » était nettement plus importante que par la méthode standard.

La méthode turque produit une quantité élevée de MAM psychoactive

« La quantité élevée de MAM psychoactive peut être responsable des effets plus intenses de l’héroïne lorsqu’elle est préparée selon la procédure « turque », car elle traverse la barrière hémato-encéphalique presque aussi vite que l’héroïne, » explique Serge Schneider, responsable de la plateforme. Il conclut en disant que « le personnel de santé doit envisager de sensibiliser les consommateurs aux effets dangereux de cette méthode de préparation spécifique. »

L’étude a été publiée dans le journal en libre accès « Harm Reduction Journal » et est disponible à l’adresse suivante : https://harmreductionjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12954-020-00457-1

Sur l’imge: Préparation « standard » (à gauche), préparation dite « turque » avant ajout d’eau salée (au milieu) et après (à droite).