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Les maladies de la prostate chez les hommes – souvent aussi une question d’âge

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Les maladies de la prostate chez les hommes – souvent aussi une question d’âge
2021 09-20

C’est un sujet dont les « hommes » n’aiment pas parler et qu’ils essaient d’éviter – les problèmes de prostate. Pourtant, avec l’avancée en âge, la plupart des hommes sont touchés. Dès la cinquième décennie de la vie, près de 50% présentent une hypertrophie de la prostate, 40% souffrant déjà de symptômes nécessitant un traitement à cet âge. À partir de 75 ans, l’élargissement de la prostate est présent chez 90 % des hommes. L’hypertrophie bénigne de la prostate est donc un phénomène très courant lié à l’âge et touche presque tous les hommes. Toutefois, si les symptômes persistent, il est important de consulter un médecin afin que le problème puisse être traité. Les difficultés à uriner, par exemple, peuvent être causées par diverses maladies, mais aussi par des tumeurs malignes. Avec 473 344 cas diagnostiqués en Europe en 2020, le carcinome de la prostate est l’un des cancers les plus fréquents chez l’homme. Il est généralement bien traitable et même curable en cas de détection précoce.

Le National Center of Pathology (NCP) du Laboratoire national de santé est dédié au diagnostic des cancers et des lésions précancéreuses, des lésions inflammatoires ainsi que des lésions pseudotumorales et des malformations dans les différents organes d’un patient. À l’occasion de la Journée européenne de la prostate ce 20 septembre, nous interrogeons le Dr Francisco Javier Alves Ferreira, pathologiste au service d’anatomie pathologique, spécialisé en hématopathologie, uropathologie et pathologie gastro-intestinale.

  1. Vous êtes pathologiste, spécialisé en uropathologie au LNS. Parlez-nous de votre travail quotidien.

Le National Center of Pathology (Centre national de pathologie) du LNS s’occupe du diagnostic des biopsies, cytologies et pièces chirurgicales des patients traités dans tous les hôpitaux, cliniques et cabinets médicaux privés du Luxembourg. Ces institutions sont nos « clients » et nous envoient tout le matériel que nous analysons. Au LNS, nous sommes 6 pathologistes travaillant dans le domaine de l’uropathologie et impliqués dans le diagnostic du cancer de la prostate, avec bien sûr beaucoup d’autres collaborateurs, notamment des techniciens et du personnel administratif. Le rôle du pathologiste est de diagnostiquer les différentes maladies sur la base de critères morphologiques et moléculaires. Le diagnostic est donc la confirmation, ou non, de la suspicion clinique pour laquelle cette biopsie nous a été envoyée. Dans le cas de la prostate, notre travail consiste à analyser les cylindres de biopsie (généralement 12) provenant de différentes zones de la prostate. Dans un premier temps, le pathologiste et les techniciens anatomistes réalisent une étude macroscopique des échantillons (nombre, longueur des cylindres et aspect). Ensuite, les échantillons sont traités en fines coupes qui, après une coloration adéquate, seront observées au microscope afin de décider s’il s’agit d’un cancer ou d’un autre type d’altération pouvant expliquer les signes et symptômes du patient. Lors des biopsies, nous analysons la présence du cancer, le grade de la tumeur avec le score de Gleason (système de classification du cancer de l’OMS sur une échelle de 1 à 5), l’extension en mm dans chaque cylindre et son pourcentage.

Il est important de considérer que le diagnostic et le traitement d’un patient atteint d’un cancer de la prostate est une décision multidisciplinaire. C’est pourquoi, tous les cas examinés sont discutés lors des Réunions de Concertation Pluridisciplinaires hebdomadaires auxquelles participent des médecins spécialisés en urologie, oncologie, radiothérapie, pathologie, radiologie et médecine nucléaire, ainsi qu’un gestionnaire de cas. Après tous les examens et évaluations, un rapport de biopsie, suivant un protocole préétabli, est envoyé au médecin traitant, incluant des informations et recommandations supplémentaires, nécessaires pour offrir à nos patients le meilleur traitement possible, adapté à leur cas spécifique.

  1. Quelles sont les pathologies que vous traitez habituellement lorsqu’il s’agit de maladies liées à la prostate ?

Normalement, les biopsies de la prostate sont réalisées pour confirmer ou infirmer l’existence d’une pathologie, une maladie qui justifie les symptômes dont souffre le patient (rétention d’urine avec difficulté à uriner, par exemple) ou l’existence d’une élévation significative du PSA (antigène prostatique spécifique) dans une analyse de contrôle d’un patient, généralement âgé de plus de 50 ans. Le cancer est une possibilité qui peut expliquer ces altérations mais aussi des croissances bénignes (hyperplasie) ou encore des processus inflammatoires (prostatite).

Le travail du National Center of Pathology en général et des pathologistes consiste donc à confirmer le processus qui explique les altérations dont souffre le patient. Pour ce faire, nous utilisons des techniques morphologiques (macroscopiques, microscopiques), des études moléculaires et génétiques.

  1. Combien d’hommes sont diagnostiqués chaque année avec un cancer de la prostate au Luxembourg ? Que peut-on faire pour les aider ?

Au Luxembourg, l’incidence du cancer de la prostate est de 71,3 pour 100.000 habitants ; le deuxième cancer après le cancer du sein avec 99,8 et avant le cancer du poumon avec 29,0 pour 100.000 habitants (GLOBOCAN 2020). Ainsi, le nombre de nouveaux cas par an se situe entre 350 et 400 pour le cancer de la prostate au Luxembourg. Alors que certains hommes sont atteints d’une forme agressive du cancer de la prostate, la plupart des autres présentent une forme à croissance lente ou indolente de la maladie.

Les études épidémiologiques sur le cancer de la prostate ont révélé de nombreuses façons dont les facteurs biologiques et de style de vie individuels influencent le risque de développer un cancer de la prostate et les taux de survie. Ainsi, bien qu’il existe des facteurs génétiques et familiaux qui prédisposent à la maladie, il ne faut pas oublier que le patient lui-même, avec son mode de vie, peut influencer le risque de développer un cancer de la prostate et réduire le risque de souffrir d’une maladie avancée ou d’un pronostic plus défavorable. Nous savons que les facteurs de risque importants sont, par exemple, l’obésité et la consommation de tabac. En revanche, le risque diminue avec une activité physique fréquente ainsi qu’avec la consommation de certains aliments (tomates, poisson, ou vitamine D…). Une recommandation importante pour détecter la présence d’un cancer à un stade précoce et initial est d’effectuer une analyse du PSA et un examen urologique après l’âge de 50 ans, tous les 1 ou 2 ans, selon la situation du patient.

  1. Avec quels partenaires le service d’anatomie pathologique collabore-t-il pour le diagnostic et le traitement des maladies de la prostate au Luxembourg et au-delà ?

Comme mentionné initialement, le NCP du LNS est au service de tous les hôpitaux, cliniques et cabinets au Luxembourg. Ainsi, notre travail de diagnostic touche tous les patients du pays, indépendamment de leur pathologie ou de leur centre de référence.

En outre, le LNS a été reconnu à partir de 2017 avec la certification de la société allemande du cancer DKG « OnkoZert » pour le diagnostic et le traitement du cancer de la prostate, et cette certification a conduit à la création du « Prostatakarzinomzentrum », avec les Hôpitaux Robert Schuman et le Centre François Baclesse. Il s’agit d’un pas supplémentaire vers notre objectif global d’offrir à tous les patients de la région le meilleur traitement possible, caractérisé par l’excellence, en accord avec les normes internationales de pratique et dans le cadre d’un processus d’amélioration continue.