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VACCINATION HPV : UNE PREMIERE ETUDE SUR LE LUXEMBOURG

VACCINATION HPV : UNE PREMIERE ETUDE SUR LE LUXEMBOURG
2018 04-18

Fin mars 2018, Ardashel Latsuzbaia et Joël Mossong, du service d’épidémiologie et de génomique microbienne, ont publié dans la revue internationale en ligne Vaccine une étude sur la couverture vaccinale contre les HPV (Papillomavirus humains) au Grand-Duché. Une première pour le pays !

L’étude, réalisée en collaboration avec des collègues belges, Marc Arbyn du Centre du Cancer et Steven Weyers de l’Université de Gand, avait pour objectif d’évaluer les effets du changement du programme national de vaccination contre les HPV sur la couverture vaccinale au Luxembourg. « Le fait que Vaccine ait accepté de mettre en ligne la publication de nos chercheurs est un bel exemple de la façon dont le service d’épidémiologie et génomique microbienne, et le LNS en entier, s’intéresse de près aux questions d’actualité scientifique pertinentes pour la population luxembourgeoise », précise Prof. Dr. Friedrich Mühlschlegel, directeur du LNS.

Seulement 6 filles sur 10 vaccinées contre les HPV

Depuis le 1er mars 2008, le Ministère de la Santé luxembourgeois a mis en place un programme de vaccination gratuit contre les HPV (Papillomavirus humains), des agents infectieux responsables des cancers du col de l’utérus, mais aussi des cancers du pénis, de l’anus et de certains cancers de la cavité buccale. Au départ, le programme s’adressait prioritairement aux jeunes filles de 12 à 17 ans et proposait deux types de vaccins administrés en trois doses dans un intervalle de 6 mois : l’un bivalent contre les HPV de type 16 et 18, responsables de 73% des cancers du col de l’utérus, et l’autre quadrivalent incluant également les types 6 et 11 responsables de la majorité des verrues génitales. Depuis 2015, le programme a changé et ne propose plus que le vaccin bivalent pour les jeunes filles de 11 à 13 ans à administrer en deux doses.

Pour évaluer les éventuels impacts de ce changement, les chercheurs se sont appuyés sur des fiches de vaccination anonymes contre les HPV extraites de la base de données de la Sécurité sociale luxembourgeoise. Celles-ci étaient composées de doses individuelles de vaccins obtenues gratuitement dans les pharmacies entre 2008 et 2016. Il en ressort que sur les 39.600 filles nées entre 1991 et 2003 résidant au Luxembourg, 24.550 (62%) ont reçu au moins une dose de vaccin HPV, 22.082 (55,7%) au moins deux doses et 17.197 (43,4%) trois doses. La couverture a varié sensiblement en fonction des régions – plus faibles au nord et au centre et plus forte à l’est et au sud-ouest – et des nationalités – de 80% pour les Portugais à 47% pour les Allemands et 39% pour les Français en passant par 54% pour les Luxembourgeois et 51% pour les Belges.

La couverture vaccinale doit être améliorée

Si on la compare avec d’autres pays européens où les programmes de vaccination ne sont pas proposés dans les écoles, la couverture vaccinale à une dose contre les HPV au Luxembourg est une de plus élevées : 62% contre moins de 50% en France et en Allemagne. Par contre, la proportion s’inverse lorsqu’on prend en compte les pays où les programmes de vaccination sont intégrés dans la médecine scolaire : 62% contre 91% en Angleterre et 94% en Ecosse.

« Notre étude démontre que le changement du programme de vaccination n’a eu aucun impact significatif sur la couverture vaccinale, si ce n’est l’abaissement de l’âge moyen à la première dose de vaccin », conclut Joël Mossong, responsable du service d’épidémiologie et de génomique microbienne.  « De 13,7 ans pour la période 2008-14, celui-ci est passé à 12,7 ans en 2016. D’autres pistes pourraient donc être explorées pour améliorer la couverture vaccinale dans le pays comme, par exemple, une simplification des manières de prescrire et d’acquérir les vaccins, une meilleure sensibilisation des médecins généralistes et des pédiatres et un important travail d’information et d’éducation auprès des populations à la couverture vaccinale la plus faible. »

Pour en savoir plus :
Human papillomavirus vaccination coverage in Luxembourg – Implications of lowering and restricting target age groups (sur https://doi.org/10.1016/j.vaccine.2018.03.054)