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Le centre du cancer du sein du CHL reçoit l’accréditation OnkoZert

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Le centre du cancer du sein du CHL reçoit l’accréditation OnkoZert
2021 11-16

L’unité du cancer du sein du CHL Kriibszentrum en partenariat avec l’Institut National du Cancer (INC) a reçu le certificat OnkoZert de la Société allemande du cancer (DKG), qui évalue depuis plus de 10 ans la qualité des établissements de soins oncologiques interdisciplinaires. Cette certification internationalement reconnue est donc une appréciation des excellentes options de traitement pour les patients au Luxembourg et certifie une prise en charge holistique et complète depuis le diagnostic jusqu’au suivi à long terme. Le service du cancer du sein du CHL travaille en étroite collaboration avec le Laboratoire national de santé et le Centre François Baclesse. Sans la coopération de ces trois institutions, l’octroi d’une certification de si haut niveau n’aurait pas été possible.

Le Laboratoire national de santé (LNS), avec ses deux centres nationaux, le National Center of Pathology (NCP) et le National Center of Genetics (NCG), est un acteur principal dans le domaine du diagnostic et du dépistage du cancer. Le service de pathologie du NCP s’occupe du diagnostic des cancers et des lésions précancéreuses, des lésions inflammatoires ainsi que des lésions pseudo-tumorales et des malformations dans les différents organes d’un patient. Il s’appuie également sur le diagnostic moléculaire des tumeurs, en collaboration avec l’unité de génétique moléculaire du NCG. Depuis 2018, le NCG propose à la population luxembourgeoise une prise en charge médicale complète des troubles héréditaires, comprenant le diagnostic génétique clinique, le conseil génétique et les tests génétiques. Cela inclut également le diagnostic et le conseil génétique pour les patients et les familles dans le cadre de syndromes héréditaires de prédisposition au cancer, tels que le syndrome de cancer héréditaire du sein et des ovaires (HBOC).

Le Dr Olfa Chouchane Mlik dirige le service d’anatomie pathologique du NCP depuis janvier 2018. Son équipe a joué un rôle déterminant dans l’accréditation OnkoZert du CHL, grâce aux réunions du « conseil des tumeurs », organisées par l’équipe. Ces groupes d’experts interdisciplinaires du LNS se réunissent régulièrement pour discuter du meilleur protocole possible pour les patients. Ci-dessous, le Dr Mlik nous présente son service et son rôle dans le dépistage et le traitement du cancer du sein.

Questions au Dr Olfa Chouchane Mlik

 Vous êtes responsable du service d’anatomie pathologique au LNS. Parlez-nous de votre travail.

L’anatomopathologie est une spécialité méconnue par le grand public. C’est sous les yeux du pathologiste plongé sur son microscope que passent les cellules et les tissus prélevés lors d’un examen radiologique, endoscopique ou chirurgical. Le cancer est une maladie qui est caractérisée par un développement et une prolifération anarchique de cellules anormales, qui ont échappé à tous les mécanismes de contrôle et de réparation de l’organisme. Le rôle du pathologiste est de détecter la déformation des tissus engendrée par cette maladie, de reconnaître son type, sa forme, son degré d’agressivité et de la caractériser éventuellement par des biomarqueurs qui ont également une valeur pronostique. De ces informations, que le pathologiste aura transmises à tous les médecins concernés, vont dépendre ensuite les traitements proposés aux patientes. Le compte rendu « anapath » est une checklist pour aider le chirurgien, l’oncologue et le radiothérapeute qui interviendront pour compléter le traitement.

Dr Olfa Chouchane Mlik

Dans le service d’anatomie pathologique du LNS, nous traitons en moyenne 250 prélèvements par jour. Des dizaines de milliers de coupes fines (de l’ordre du micron) sur lames en verre sont ainsi réalisées, avec des prélèvements tissulaires ou cytologiques figés par le formol et conditionnés dans de la paraffine, afin de les conserver pendant des dizaines d’années. Ces coupes sont ensuite colorées et passent sous le microscope des pathologistes du service. Le pathologiste peut être, par ailleurs, sollicité pendant une intervention chirurgicale pour réaliser une analyse rapide (examen extemporané) afin de préciser un diagnostic suspect cliniquement ou pour dire au chirurgien si une tumeur a été enlevée en totalité. Une chose très importante à ne pas oublier dans notre métier, est que derrière toute coupe histologique examinée, une personne vit dans l’angoisse de l’attente du résultat et du diagnostic. C’est pourquoi nos équipes n’hésitent pas à se mettre à plusieurs autour du microscope pour discuter d’une coupe histologique dont l’analyse est délicate.

Nos pathologistes sont également disponibles pour fournir aux patients des informations plus détaillées sur leur diagnostic et expliquer les questions ouvertes lors d’un entretien en face à face. Les coordonnées du pathologiste traitant sont indiquées sur le rapport médical correspondant.

Le « National Center of Pathology » et le « National Center of Genetics » du LNS travaillent ensemble. Comment coopèrent-t-ils dans leur travail quotidien ?

 Les progrès de la recherche ont permis de mieux comprendre les mécanismes biologiques à l’origine du développement et de la progression des cancers. On sait aujourd’hui qu’il n’existe pas un seul cancer par organe mais plusieurs sous-types de cancers, qui présentent chacun des anomalies différentes. Nous savons que plus le niveau d’informations fournies dans le compte rendu post-examen est précis, plus on va pouvoir adapter les traitements proposés aux patientes de façon ciblée et personnalisée. Cette médecine de précision commence avec l’analyse pathologique de la tumeur et s’enrichie par l’analyse moléculaire qui permet d’identifier d’autres anomalies biologiques susceptibles d’être ciblées par des traitements spécifiques.

C’est ainsi que l’on recherche, par exemple, dans le tissu tumoral des mutations dans les gènes impliqués dans la réparation de l’ADN, en particulier les gènes BRCA. Ce processus nécessite l’expertise et la coopération du National Center of Pathology et du National Center of Genetics. Les patients présentant une mutation dans l’un des gènes BRCA peuvent être éligibles à un traitement par inhibiteurs de la PARP. Les inhibiteurs de PARP (iPARP) sont des molécules anticancéreuses faisant partie des thérapies ciblées. Ils peuvent être proposés dans le traitement du cancer du sein métastatique lié à une mutation BRCA. En outre, si une mutation est identifiée dans la tumeur, le patient et les familles sont orientés vers un conseil génétique et des tests génétiques supplémentaires auprès du NCG afin de confirmer si un syndrome de prédisposition héréditaire au cancer est présent dans la famille.

Combien de femmes sont diagnostiqués chaque année avec un cancer de sein au Luxembourg ? Quelles sont les options de dépistage ?

Chaque année entre 400 et 450 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués au Luxembourg. Le programme national de dépistage du cancer du sein « programme mammographie » existe depuis 1992. Il s’adresse à toutes les femmes de 50 à 70 ans. Une mammographie est réalisée tous les deux ans et permet de détecter le cancer du sein à un stade précoce (avant tous signes cliniques). Avant 40 ans, seules les femmes à haut risque de cancer sont invitées à être suivies individuellement par un bilan d’imagerie spécialisée.

J’encourage par ailleurs les femmes à s’auto examiner. Personne ne connaît son corps aussi bien que nous-mêmes. L’autopalpation mammaire, même si elle ne remplace pas l’examen clinique ni le dépistage du cancer du sein, permet de détecter des modifications qui pourraient conduire à un diagnostic de cancer. Bien évidemment, toute suspicion relevée lors d’une autopalpation justifie un avis spécialisé sans attendre.

Avec quels partenaires le service d’anatomie pathologique collabore-t-il au Luxembourg et au-delà ?

 Nous travaillons au quotidien avec tous les acteurs de la santé au Luxembourg (hôpitaux, cliniques, et cabinets privés) et nous participons activement aux différents projets de mise en place de référentiels de prise en charge des cancers coordonnés par l’Institut National du Cancer tels que le « référentiel national pour le diagnostic et le traitement des cancers gynécologiques » et le « référentiel pour le parcours des patientes pour le cancer du sein »

Nous collaborons également avec d’autres services de pathologie dans les pays voisins (Liège, Bruxelles, Cologne, Paris), soit dans le cadre de contrôle qualité externe, soit pour une expertise supplémentaire recommandée dans certaines pathologies rares. Nous participons également activement à des projets de recherche avec des partenaires aussi bien au Luxembourg (Luxembourg Institute of Health…) qu’internationaux (Institut Curie à Paris, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale – INSERM…).

Notre vision est de délivrer un service d’excellence à tous les patients de la région luxembourgeoise, aligné sur les standards internationaux, dans le cadre d’un processus d’amélioration permanent.

Infobox

Un webinaire avec le Dr Olfa Chouchane Mlik sur le rôle du pathologiste dans la biopsie du sein est disponible sur le blog du Groupe Sein du Centre Hospitalier du Luxembourg (CHL) enregistré dans le cadre d’Octobre rose : https://www.chl.lu/fr/actualites/octobre-rose-au-chl-2021-table-ronde-1. Le blog joue un rôle clé dans la fourniture d’informations utiles et offre une plateforme de partage d’informations pour les patients et leurs familles.

Dr Olfa Chouchane Mlik entourée de son équipe du NCP