Reconnaissance, certification, agrément…Le monde des labels et des acronymes est très varié et doit nous indiquer la qualité et le sérieux des institutions et des produits. Les processus d’accréditation garantissent des normes environnementales, sanitaires et de sécurité, tout en contribuant à améliorer la qualité générale des produits, des produits alimentaires aux machines à laver. C’est pourquoi le 9 juin est célébrée la Journée mondiale de l’accréditation (World Accreditation Day – WAD), créée conjointement par l’International Acreditation Forum (IAF) et l’International Laboratory Accreditation Cooperation (ILAC), afin d’illustrer la contribution de l’accréditation à l’organisation et à la sécurisation de l’économie et de notre quotidien. Chaque année, la journée est placée sous un nouveau slogan. Le thème de la WAD2022 est ACCREDITATION : Durabilité dans la croissance économique et l’environnement. Ce thème illustre la contribution des processus d’accréditation à la protection de notre écosystème et de notre planète et comment l’accréditation soutient les Objectifs de développement durable des Nations Unies.
Pour le Laboratoire national de santé (LNS), l’accréditation de son travail et de ses laboratoires joue un rôle important. Le Dr Patricia Borde est porte-parole du « Codir Qualité » au LNS qui coordonne les processus d’accréditation des différents laboratoires. A l’occasion de la Journée mondiale de l’accréditation, nous nous entretenons avec elle de ses activités au sein du comité.
Il y a une grande hétérogénéité des missions au LNS. De ce fait, tous les départements/services n’ont pas évolué à la même vitesse vis-à-vis du processus d’accréditation. Deux normes ISO (International Organization for Standardization) qui spécifient les exigences de compétence et de qualité propres aux laboratoires de biologie médicale co-existent : la 17025 et la 15189 :2012. Des audits internes sont constamment réalisés par l’Office Luxembourgeois d’Accréditation et de Surveillance (OLAS) , selon les processus de chacun des services accrédités. Cette situation est très lourde pour les services support, constamment mis à contribution pour ces audits. On a donc voulu (et cela a aussi été une demande de certains auditeurs) mettre en place un système central de management de la qualité afin d’éviter de perdre du temps inutilement et de profiter de l’expérience des autres, la partie technique de l’accréditation devant rester l’apanage des services.
Il y a eu plusieurs responsables qualité en poste au LNS mais cette solution ne fonctionnait pas. J’ai donc suggéré que l’ensemble des chefs de département prenne cette fonction, ce que mes collègues ont approuvé. On s’est lancé avec l’accord de notre Directeur et c’est naturellement moi qui ai fait la présentation au Conseil d’Administration. Depuis, nous avons des réunions hebdomadaires des chefs de département avec les référents qualité pour avancer (c’est ce qu’on appelle le CODIR-Qualité). Je suis devenue dès le début la porte-parole de ce groupe mais c’est un travail que l’on fait en commun. C’est très collégial, l’expérience des uns devant aider les autres mais sans imposer, en tenant compte des besoins et des idées de chacun. C’est pourquoi c’est un long processus, mais je suis confiante.
Ce qui nous occupe le plus actuellement, c’est la mise en place d’un logiciel de gestion documentaire et de management de la qualité. A terme, on espère avoir un seul audit OLAS pour tout le LNS et un seul numéro d’accréditation par norme.
Actuellement chaque service et/ou département a une accréditation individuelle. Des équipes d’auditeurs (qualité et technique) viennent annuellement dans chaque laboratoire pour délivrer l’accréditation ou surveiller que tout reste sous contrôle. Un cycle dure cinq ans, avec un audit annuel de surveillance entre deux audits d’accréditation. J’avoue qu’au début, je n’étais pas tout à fait persuadée de l’intérêt de la démarche dans mon département, puisque ces processus prennent énormément de temps qu’on aimerait parfois davantage consacrer à notre travail de base. J’ai cependant changé d’avis et je me rends maintenant compte que l’accréditation nous a fait vraiment progresser dans notre pratique et dans notre routine quotidienne, parce qu’on est obligé de se poser des questions en permanence : pourquoi on fait ça ainsi, est-ce que l’on pourrait faire mieux, quels sont les risques, etc… L’accréditation nous oblige constamment à nous remettre en question, ce qui nous fait beaucoup progresser, pour finalement mieux soigner.
Le plus ancien service accrédité au LNS est la Surveillance alimentaire depuis 2003, selon la norme ISO 17025. Ensuite ont été accrédités le service de cytologie en 2012, le service d’identification génétique en 2013 (alors que le service a ouvert en 2012), la surveillance biologique, la bactériologie, la biologie médicale en 2017 et enfin la virologie et la toxicologie analytique en 2022. Selon les services, le nombre de composantes accréditées varie entre 60 à 100%. Il faut bien imaginer que pour certaines techniques/méthodes d’analyse de pointe ou très spécialisées, il est très difficile d’accréditer, donc atteindre 100% est dans certains cas quasiment impossible.
L’accréditation, c’est également pour nous un argument pour prouver au grand public que notre travail respecte les règles, que nos compétences sont réelles et que l’on peut avoir confiance en nos résultats, parce que nous mettons tout en œuvre pour que ce soit le cas.
Nos activités sont malheureusement par définition polluantes. Néanmoins, nous essayons de limiter notre impact, du point de vue des déchets par exemple (tri, élimination contrôlée pour les solvants ou les produits radioactifs, les déchets infectieux). Les organismes de contrôle comme l’OLAS ou la SuperDreckskëscht (SDK), l’organisme étatique luxembourgeois qui assure la gestion des déchets, sont là pour vérifier que l’on respecte bien les normes et les lois en matière environnementale. C’est aussi une forme d’accréditation validant le fait que nous respectons bien les réglementations écologiques. Les processus d’accréditation jouent donc aussi un rôle important pour la protection de notre écosystème.