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Dr sc. Justine Pincemaille : Chimiste spécialiste en agroalimentaire au service de la protection du consommateur

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Dr sc. Justine Pincemaille : Chimiste spécialiste en agroalimentaire au service de la protection du consommateur
2022 02-15

Dans le cadre de la Journée internationale des femmes et des filles de science, nous vous présentons des représentantes de cette excellence féminine au LNS qui nous donnent un aperçu de leur travail dans les trois interviews suivantes, en nous détaillant ce qui est particulièrement important à leurs yeux dans leur domaine et comment elles voient le rôle des femmes dans les sciences. Voici le portrait du Dr sc. Justine Pincemaille travaille en tant que responsable technique au service de surveillance alimentaire du département des laboratoires protection de la santé au sein du LNS, et ce depuis 2019.

Comment avez-vous atterri au LNS et quel est votre rôle ici ?

En 2013, après de nombreux appels insistants, je décroche mon stage de licence au sein du service de chimie alimentaire du LNS à Luxembourg-ville (actuellement surveillance alimentaire). Je suis alors la 1ère stagiaire du Dr sc. Claude Schummer depuis son arrivée au LNS. Il me fait découvrir la recherche et c’est tout naturellement que j’ai poursuivi mes études jusqu’à obtenir mon doctorat en physico-chimie alimentaire en 2018 pour poursuivre sur cette voie. En plein post-doctorat portant sur la valorisation par traitement chimique des déchets alimentaires industriels, je repère une offre d’emploi auprès du LNS. J’ai l’audace, à tout juste 26 ans, de me présenter à ce poste de responsable au sein du service de surveillance alimentaire. Et à ma grande surprise, j’intègre officiellement en août 2019 cette équipe et je retrouve des collègues et un travail auprès desquels je sais que je vais m’épanouir.

Je suis engagée en tant que responsable technique pesticides, mais très vite je travaille aussi sur les additifs, comme les colorants alimentaires et les toxines de plantes. Avec le Dr sc. Claude Schummer, je gère également l’ensemble de notre parc analytique composé d’une quinzaine d’appareils de pointe. Mon travail consiste à encadrer des techniciens dans leur analyse de routine et de les aider lors des problèmes analytiques rencontrés. Nous réalisons des mesures microbiologiques et chimiques (OGM, moisissures, pesticides, additifs, mycotoxines, matériaux en contacts, …) de denrées alimentaires provenant de tout le Luxembourg ainsi que de pays tiers. Notre laboratoire étant le laboratoire national de référence dans une dizaine de domaines, il est nécessaire que je mette en place de nouvelles méthodes analytiques (protocoles) pour pouvoir répondre aux demandes des laboratoires de références européens. Cela entraîne la réalisation de nouvelles procédures directement « à la paillasse ». Outre les compétences de management que demandent ce poste, mon travail implique également du travail au laboratoire – je reste avant tout une chercheuse.

Qu’est-ce qui est particulièrement important pour vous dans le cadre de votre travail, vos recherches ? Pourquoi avez-vous choisi ce domaine ?

J’ai aimé découvrir la diversité scientifique qu’offre ce domaine et à laquelle nous ne pensons pas forcément. La science alimentaire est vaste puisqu’elle recouvre la microbiologie, la biochimie, la chimie, la physique, etc. C’est cette diversité qui m’a attirée et surtout l’envie de protéger le consommateur et de mieux l’informer. Cela n’est possible qu’en ayant une bonne connaissance des denrées alimentaires. L’agroalimentaire est un sujet d’actualité, très controversé dans les médias et il ne faut pas oublier que tant qu’il y aura des êtres humains sur terre, il y aura besoin de les nourrir. L’objectif est d’assurer cela en alliant sécurité et plaisir, c’est la raison pour laquelle j’ai choisi ce domaine.

Comment voyez-vous le rôle des femmes dans la science ? Y a-t-il encore des différences avec leurs collègues masculins ?

Il existe encore des différences entre les collègues féminins et masculins. Malheureusement, cette différence va au-delà de la science et touche tous les domaines. Il existe toujours des différences salariales entre hommes et femmes, et ce sont souvent les femmes qui réduisent leur temps de travail suite à une grossesse. Cela peut les discréditer ou mettre un frein à leur carrière. Pourtant ce n’est pas parce que nous sommes des femmes que nous ne pouvons pas réaliser des avancées scientifiques majeures. La gent masculine oublie parfois que ce sont des femmes telles que Marie Curie, Rosalind Franklin ou encore Lise Meitner qui ont fait de grandes découvertes sans lesquelles nous ne serions pas là aujourd’hui. Les femmes semblent indéniablement autant actrices que les hommes dans la science.

Qu’est-ce qui fait des femmes de meilleures scientifiques ?

Je pense qu’il est prétentieux de dire que les femmes sont de meilleures scientifiques que les hommes. Un scientifique reste un scientifique avant tout. Peut-être peut-on dire que les femmes apportent un côté plus rigoureux, méthodique et organisé que les hommes. Elles se remettent, elles et leur travail, peut-être également plus en question que les hommes. Les femmes paraissent plutôt complémentaires aux hommes. Ainsi, je pense que le travail en équipe mixte peut être un atout majeur au sein d’un service. Les femmes ne sont pas forcément meilleures, mais elles ont définitivement les capacités et les compétences pour apporter beaucoup au monde scientifique.