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Identifier la mutation du VIH pour déterminer le bon traitement

Identifier la mutation du VIH pour déterminer le bon traitement
2023 12-01

Fin 2022, le Laboratoire national de santé (LNS), en collaboration avec le Centre Hospitalier de Luxembourg (CHL) et l’inspection sanitaire, a été nommé par le Ministère de la santé Laboratoire de référence pour le VIH et les hépatites virales. Le LNS est ainsi l’un des acteurs luxembourgeois de référence pour le diagnostic et le suivi des infections par le VIH. En procédant au séquençage du génome du virus, il est possible de déterminer un traitement efficace pour la personne séropositive dont la charge virale dans le sang est positive, indiquant que le virus est actif et en train de se multiplier.

 

Au Luxembourg, on estime environ à 1200 le nombre de personnes vivant avec le VIH. Si l’on ne guérit toujours pas du SIDA, la plupart des individus infectés peuvent vivre normalement avec, grâce à un traitement adapté et suivi dans le temps. Un autre enjeu, dans la lutte contre la propagation de la maladie, réside dans le fait qu’une part non négligeable des personnes infectées ne le savent pas et, par conséquent, peuvent présenter un danger pour les autres sans le savoir. C’est pourquoi, il est très important de réaliser des tests de dépistage pour connaitre son statut sérologique.

 

Identifier les mutations résistantes du virus

 

« Pour chaque personne infectée, au-delà du dépistage sérologique, en cas d’activité du virus, il est important d’effectuer une analyse du génome du virus afin de le caractériser et d’identifier la présence éventuelle de mutations de résistance aux traitements antirétroviraux », explique Dr Sibel Berger, scientifique clinique en virologie au sein du LNS. « Le VIH est connu pour muter rapidement et développer des résistances aux traitements antiviraux qui normalement empêchent la multiplication du virus. Si le virus est résistant à un traitement en particulier, celui-ci ne sera plus efficace ! »

 

L’analyse du séquençage permet donc d’identifier ces mutations de résistance et, en fonction de la présence de certaines mutations, d’adapter le traitement proposé au patient. « Les cliniciens, lors du suivi des personnes infectées, doivent tenir compte du profil de ces virus pour prescrire un traitement efficace. L’interprétation de ce profil de mutations de résistance est réalisée après séquençage grâce à un algorithme complexe qui doit être mis à jour régulièrement par des experts », poursuit Sibel Berger. Pour aider les cliniciens et leur permettre de mettre en place le bon protocole de soin, au regard des nombreux traitements disponibles, le LNS peut ainsi apporter des informations importantes sur les résistances possibles du virus grâce à son expertise dans le domaine du séquençage haut débit.

 

Dépistage et suivi du traitement

 

Cette analyse du génome du virus peut être demandée pour différents cas. « Auprès d’une personne dont la séropositivité vient d’être diagnostiquée, que l’on appelle également personne naïve pour tout traitement : il s’agit donc de définir pour la première fois le profil de ce virus chez cette personne », précise Sibel Berger. « Selon les éventuelles mutations identifiées, on pourra alors appliquer tel ou tel traitement, le traitement le plus approprié pour agir contre la réplication du virus. On contribue, de cette manière, à l’amélioration de la qualité de vie de la personne qui doit vivre avec le VIH. »

 

Une analyse de séquençage peut également être demandée en cas d’échec du traitement. « Si le traitement n’est plus efficace, cela peut signifier que le virus a muté et qu’il a développé une résistance aux antiviraux proposés. Si résistance face à ce traitement, le variant résistant continue à se répliquer. Il faut donc rechercher quelles sont ces mutations de résistance et revoir ensuite le traitement proposé à cette personne », poursuit Sibel Berger. Si l’on peut vivre avec le virus, les antiviraux permettent de rendre la charge virale indétectable chez plus de 90% des personnes traitées. Il est important de maintenir le traitement en continu, de le respecter rigoureusement et ne pas l’arrêter. « A l’heure actuelle, on ne guérit pas d’une infection au VIH. Le traitement doit donc être respecté et la présence du virus dans le sang doit être contrôlée régulièrement. C’est le plus souvent lorsque le traitement est interrompu que le virus se multiplie et parvient à muter et risque de développer des résistances », ajoute la scientifique clinicienne.

 

Un virus toujours bien présent

 

La lutte contre la propagation du VIH est aussi toujours d’actualité. Le virus continue de se propager, notamment parce qu’une partie des personnes infectées ne savent pas qu’elles le sont. C’est pourquoi il est important de continuer à sensibiliser la population, à effectuer un dépistage, et à inviter chacun à se protéger et à être vigilant après tout comportement à risque. « Le risque de transmission est plus important quand on n’a pas conscience du danger », explique Sibel Berger. « La prévention est donc primordiale et passe avant tout par des mesures empêchant la transmission du virus comme l’usage du préservatif, ou encore du matériel injectable à usage unique. Il existe également des traitements, des prophylaxies, soit un traitement pré-exposition, la PrEP – prescrit par un médecin pour certaines personnes à risque de contamination ou alors un traitement post-exposition, le TPE – des antirétroviraux à prendre rapidement dans les 48 heures après la prise de risque. »

 

A l’heure actuelle, il n’existe pas de vaccin contre le virus du SIDA ni de traitement permettant une rémission complète. Il est donc important de continuer à sensibiliser, prévenir, dépister et traiter.