Dans le cadre de la Journée internationale des femmes et des filles dans la science, nous vous présentons des représentantes de cette excellence féminine au LNS qui nous donnent un aperçu de leur travail dans les trois interviews suivantes, en nous détaillant ce qui est particulièrement important à leurs yeux dans leur domaine et comment elles voient le rôle des femmes dans les sciences. Voici le portrait du Dr. Anke Wienecke-Baldacchino, bio-informaticienne au sein du département de microbiologie du LNS.
Je viens d’un milieu de recherche scientifique, mon dernier poste était à l’Université du Luxembourg et je cherchais un emploi où je serais un peu plus proche du patient et où je verrais en quelque sorte le résultat direct des données que je génère. En tant que bio-informaticienne, je traite les données relatives aux processus et structures biologiques en me servant des technologies modernes de l’information. Pour l’instant, je ne fais pratiquement rien d’autre que d’analyser les séquences du SARS-CoV-2 et de compiler des ensembles de données sur les variantes du virus qui circulent actuellement au Luxembourg. Nous transmettons ensuite ces informations aux autorités sanitaires concernées.
J’ai toujours eu le luxe de pouvoir suivre mes intérêts. J’ai donc étudié plusieurs disciplines – de l’ingénierie à l’épidémiologie – et obtenu plusieurs diplômes. Mais finalement, je me suis rendue compte qu’il fallait avant tout que je me retrouve dans un environnement où je pourrais voir directement l’impact de mon travail. Mon lieu de travail actuel est donc l’endroit idéal car je peux suivre ce qu’il advient des données que j’analyse et voir que cela a vraiment un sens. De plus, la bioinformatique m’a captivée parce que l’on est toujours confronté à quelque chose de nouveau. Il y a toujours de nouvelles méthodes, de nouveaux moyens, de nouveaux algorithmes. On est constamment en mouvement et cela me convient parfaitement.
Cela dépend toujours de l’interaction personnelle avec les collègues et les patrons, bien sûr, mais une différence intéressante que j’ai observée est que toutes mes superviseuses n’avaient pas d’enfants. Je dirais donc que les femmes ayant des enfants ont moins de chances d’accéder à des postes de direction. Le milieu scientifique, avec ses contrats pour la plupart à durée déterminée et sa pression constante pour publier, n’offre pas exactement les meilleures conditions pour une famille, et les priorités changent quand on a des enfants. Le fait qu’il y ait souvent moins de femmes aux postes de direction est donc aussi souvent dû aux circonstances de la vie. Je connais beaucoup de femmes qui occupent des postes importants au Luxembourg, mais je crois qu’elles doivent faire plus que leurs collègues masculins pour réussir leur carrière.
Je crois, et ce n’est que mon opinion subjective, que les femmes se concentrent davantage sur la collaboration et le travail en réseau. Elles ne travaillent pas comme des loups solitaires qui veulent mener à bien leur projet et en revendiquer tous les résultats. Elles préfèrent travailler en équipe car c’est plus efficace. Je pense également que les femmes se remettent plus en question et portent un regard plus critique sur leurs résultats, ce qui est bénéfique pour leurs recherches.