Dans le cadre de la Journée internationale des femmes et des filles dans la science, nous vous présentons des représentantes de cette excellence féminine au LNS qui nous donnent un aperçu de leur travail dans les trois interviews suivantes, en nous détaillant ce qui est particulièrement important à leurs yeux dans leur domaine et comment elles voient le rôle des femmes dans les sciences. Voici le portrait du Dr sc. Elizabet Petkovski, responsable du service d’identification génétique du Département de médecine légale au LNS.
Je suis arrivée voici 10 ans, au même moment où le Luxembourg a décidé de créer son laboratoire d’identification logistique en criminalistique. Dès le départ, j’ai participé à la conception et au montage du service d’identification génétique. Je suis aujourd’hui responsable de service et expert judiciaire en identification génétique criminalistique. Ce service prend en charge la réalisation d’expertises basées sur les outils de la biologie moléculaire, afin de fournir des éléments objectifs dans le cadre d’affaires judiciaires, tels que la détermination d’empreintes génétiques humaines ou de profils génétiques ADN. Nous agissons à la demande des autorités judiciaires luxembourgeoises.
J’ai fait mes études à Strasbourg et j’ai obtenu les diplômes d’ingénieur en biotechnologie de l’Ecole supérieure de biotechnologie de Strasbourg et de Docteur en biologie moléculaire et cellulaire à l’université Louis Pasteur. Pendant mes études, le professeur Ludes de la faculté de médecine, est venu faire une présentation de l’identification génétique appliquée à la criminalistique. C’est ce qui a contribué à mon envie de participer de manière scientifique, objective, sans émotion et sans affect (ce qui est particulièrement important) à l’établissement de la vérité et de participer collégialement, avec les autres domaines d’investigation, à la réparation des injustices.
Dans le monde dans lequel j’évolue, je répondrais catégoriquement non sur la question des différences avec mes collègues masculins. Il est cependant clair que dans le monde entier, il y a encore certaines régions où le sexisme est persistant. Pour ma part, je ne le sens pas dans mon quotidien. Je n’ai jamais été ni favorisée, ni freinée parce que je suis une femme. Clairement, certains métiers sont plus ou moins adaptés au genre masculin et au genre féminin, mais ce sont plutôt des métiers qui nécessitent des capacités physiques pour répondre aux exigences du poste (porter des poids lourds par exemple). Les femmes ont peut-être aussi une sensibilité ou une émotion différentes des hommes, mais je ne pense pas que cela confère une qualité supérieure ou inférieure. Ce sont parfois juste des points de vue différents. Dans notre service, il y a un technicien et trois techniciennes qui ont été recrutés en fonction de leurs compétences. Il y a des différences de caractères liées aux personnes, mais pas à leur genre.
Je ne pense pas que l’on puisse dire qu’une femme est meilleure scientifique. Pour moi, un scientifique se définit par ses qualités scientifiques, par la reconnaissance de ses pairs, par la persistance, la qualité et le détail de ses recherches. Devant la science, nous sommes tous égaux.