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Les nouvelles techniques au service médico-judiciaire

Les nouvelles techniques au service médico-judiciaire
2019 12-04

Dans le cadre du rapport annuel 2018 du LNS, nous avons réalisé une série d’interviews et de reportages pour mieux présenter le LNS à travers son personnel et ses différents départements. Voici le cinquième interview qui met en scène Martine Schaul, spécialisée en médecine légale, suivi du reportage correspondant. Bonne découverte!

 

La médecine légale couvre plusieurs domaines. Les plus connus sont les autopsies médico-légales qui aident à établir la cause du décès et contribuent aux enquêtes policières. L’image médicale peut parfois se révéler très utile dans la préparation de ces examens. A cet effet, les radiographies conventionnelles des cadavres ont toujours fait partie des activités de routine au sein du LNS. Depuis janvier 2018, une collaboration avec le Centre Hospitalier de Luxembourg (CHL) permet aux experts légistes d’avoir accès à un scanner de nouvelle génération et à une équipe hautement qualifiée de radiologues et de techniciens en imagerie médicale. L’utilisation de cette technologie performante ouvre de nouvelles perspectives dans le travail des médecins légistes.

« Nous réalisons une centaine d’autopsies par an à la demande des juges d’instruction », explique Martine Schaul, une des trois spécialistes en médecine légale du service médico-judiciaire. « Dans environ 30% des cas, un scanner du corps avant autopsie peut s’avérer pertinent. Une fois que le juge d’instruction demande cet examen sur base de notre recommandation, le cadavre est placé dans une housse mortuaire supplémentaire et transporté au CHL. La réalisation d’un CT-scan du corps entier ne prend que quelques minutes. Nous interprétons ensuite les résultats avec les radiologues du CHL. En 2018, nous avons effectué 27 tomodensitométries post mortem avant autopsie. »

UNE TECHNOLOGIE PLUS PRÉCISE

« Les radiographies simples, que nous nous pouvons réaliser au LNS, ne permettent qu’une vue en deux dimensions et sont souvent difficiles à interpréter », précise Martine Schaul. « Pour détecter la localisation exacte de corps étrangers tels que des projectiles, nous devons prendre des images sous des angles différents, ce qui nécessite souvent de repositionner le corps. Grâce au scanner, les projectiles peuvent être visualisés et localisés avec précision. Sur base de cette information, nous pouvons cibler notre travail de dissection et retirer de tels corps étrangers avec précaution et sans les endommager. De plus, les données du scanner documentant l’état du corps avant autopsie sont archivées et peuvent être réutilisées ultérieurement si de nouvelles questions ou de nouveaux indices devaient survenir au cours de l’enquête. Les clichés pourraient ainsi être réévalués par d’autres experts, même si le cadavre a été incinéré dans l’intervalle. »

Sur base de ces données et à l’aide de logiciels d’imagerie médicale, les médecins légistes, en collaboration avec les radiologues du CHL, peuvent reconstituer des fractures pertinentes pour l’en- quête, les illustrer par des images claires et neutres ou même réaliser, grâce à une technologie d’impression 3-D, des copies de lésions osseuses. Ces impressions peuvent servir au tribunal pour expliquer et appuyer les conclusions d’expertise des médecins légistes.

UNE MÉTHODE COMPLÉMENTAIRE À L’AUTOPSIE

« En comparaison avec l’autopsie, la tomodensitométrie post mortem présente plusieurs points forts », poursuit Martine Schaul. « Alors que certaines parties du corps sont difficiles d’accès pendant l’autopsie, le CT-scan visualise chaque os de la tête au pied. Si aucune pathologique osseuse particulière n’est détectée au scanner, l’autopsie sera limitée à une étendue habituelle afin de préserver au mieux le corps pour la famille. Documenter les lésions osseuses dans leur état original nous donne souvent une meilleure vision des fractures car la dissection peut causer une séparation des fragments. Outre le fait de détecter les lésions osseuses et les corps étrangers, la tomodensitométrie peut également détecter de manière fiable les accumulations de gaz et de fluide. Elle permet également de mettre en évidence des traits anatomiques particuliers ou des implants permettant l’identification de corps inconnus. Enfin, les mesures du trajet d’une balle ou d’un coup de couteau sont plus précises sur les clichés du scanner en raison de la préservation de l’intégrité du corps. »

« La tomodensitométrie post mortem ne remplacera pas l’autopsie », conclut Martine Schaul. « Les deux méthodes sont complémentaires. Chacune apporte à l’autre de la valeur ajoutée. »