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Mieux appréhender les risques liés à notre exposition aux substances chimiques

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Mieux appréhender les risques liés à notre exposition aux substances chimiques
2023 10-31

Au cœur de notre environnement, nous sommes en permanence exposés à des produits chimiques de diverses natures. Afin de garantir une meilleure protection de chacun ainsi que de l’environnement, le programme de recherche européen PARC a l’ambition d’établir de nouvelles méthodes, données et connaissances afin d’évaluer les risques liés à l’utilisation des produits chimiques. Cette initiative européenne rassemble 200 institutions de recherche issues de 28 pays, dont le Laboratoire National de Santé au Luxembourg. Évocation de ces enjeux avec Ruth Moeller, toxicologiste, experte en évaluation des risques associés aux produits chimiques, en charge de la coordination du programme au sein du LNS.

 

On les retrouve dans les produits issus de l’industrie manufacturière, dans nos peintures, dans des solvants, dans de nombreux produits de consommation ou encore dans nos aliments sous forme d’additifs ou de contaminants… « Nos modes de vie font que nous sommes en permanence exposés à des produits chimiques. Dans les cosmétiques, dans les produits d’entretien, dans nos maisons, au travail, dans l’air ambiant, on trouve des concentrations plus ou moins importantes de substances chimiques, explique Ruth Moeller, en charge de la coordination du projet PARC – Partnership for the Assessment of Risks from Chemicals – au niveau du Grand-Duché de Luxembourg. Jusqu’à présent, l’évaluation des risques associés à l’exposition à ces produits s’opère essentiellement élément par élément, au regard d’un usage bien défini sur le marché. Or, on appréhende mal les risques associés à la combinaison de produits chimiques – émanant de plusieurs sources, à des niveaux de concentration variables – dans notre environnement. C’est à ces enjeux que veut répondre PARC, en mettant en œuvre une nouvelle approche pour mieux anticiper les risques émergents, mieux prendre en compte les risques combinés et évaluer les risques chimiques en vue de protéger la santé et l’environnement ». PARC a pour objectif de soutenir la mise en œuvre de nouvelles orientations dans les politiques européennes de protection de la santé et de l’environnement.

 

Cette initiative prend place dans le cadre de la stratégie de l’Union européenne relative à l’utilisation des produits chimiques dans une démarche de développement durable, à la poursuite de l’ambition « zero pollution » définie dans le cadre du Green Deal européen. « Il s’agit en l’occurrence d’acquérir de nouvelles données et connaissances, et d’élaborer de nouvelles méthodes et outils à la poursuite de ces objectifs, assure Ruth Moeller. Pour cela, le projet PARC soutient une approche en réseau pour développer et consolider l’expertise en la matière. »

 

Plus de 200 partenaires au service d’une approche commune

Financée à hauteur de 400 millions d’euros par la Commission européenne et les États membres, PARC implique 200 institutions de recherche de 28 pays et les grandes agences concernées, à savoir l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne de l’environnement  (EEA). Sont aussi impliqués cinq directions générales de la Commission européenne et les ministères concernés des pays membres. Le partenariat s’étend sur 7 années, entre mai 2022 et mai 2029.

 

« Ce projet s’inscrit dans la continuité d’initiatives passées, telles que l’initiative européenne Human biomonitoring (HBM4EU). Il se distingue toutefois par son ampleur. L’un des principaux challenges, en effet, est de mettre en place une plateforme rassemblant des experts, des chercheurs et des régulateurs dans divers domaines, explique Ruth Moeller. Ce réseau, selon la gouvernance mise en place et suivant les priorités déterminées, doit permettre de faire émerger une approche commune de ces enjeux, d’élaborer de nouvelles méthodes d’évaluation des risques, de faire avancer les connaissances liées à l’impact de l’exposition aux produits chimiques sur notre santé et l’environnement, de mettre en place des solutions alternatives innovantes pour évaluer les risques sur les organismes. » Le réseau doit permettre de combler des lacunes en terme de données disponibles, de faire émerger de nouveaux modèles informatiques et méthodes d’analyse. Ce travail coordonné doit soutenir les régulateurs, leur permettre de comprendre les incidences, afin de mieux encadrer l’utilisation des produits chimiques et contribuer à minimiser les risques pour la santé et l’environnement.

 

Une approche coordonnée par le LNS à l’échelle la nationale

Au Luxembourg, le Laboratoire National de Santé a été désigné par la Ministère de la Santé pour endosser le rôle d’institution leader. A l’échelle nationale, c’est elle qui coordonne les divers partenaires impliqués dans le projet : le Luxembourg Institute of Science & Technology (LIST), le Luxembourg Institue of Health (LIH), l’Université du Luxembourg (LCSB) et les équipes de recherche du LNS. « Le LNS, au-delà de cette mission de coordination et de gestion, contribue aussi à la recherche menée dans le cadre de PARC », ajoute Ruth Moeller.

 

Sur le plan de la recherche et de l’innovation, les équipes du Département Protection de la Santé du LNS contribuent au programme dans plusieurs domaines. « A travers notre expertise en matière de surveillance des substances chimiques chez l’homme et à l’intérieur des bâtiments, nous sommes actifs sur les sujets relatifs à l’évaluation de l’exposition générale et professionnelle aux substances chimiques mesurées chez l’homme et dans l’environnement intérieur, et à leurs incidences sur la santé de la population », explique Ruth Moeller. L’utilisation de méthodes d’échantillonnage innovantes constitue également un aspect de ce travail. « Nous contribuons par ailleurs au développement de nouvelles méthodes et approches de modélisation pour estimer la présence de produits chimiques et de leurs mélanges dans l’environnement, leurs différentes sources et les voies d’absorption, dans l’optique de parvenir à une meilleure évaluation des risques. »

 

Au sein du LNS, une dizaine de personnes sont impliquées dans ce projet.

 

Point de contact au niveau national

En tant que National Hub Contact Point du projet, le LNS a pour mission de faciliter les échanges entre les divers acteurs qui pourraient être concernés par le projet au niveau national, comme par exemple des acteurs industriels, des administrations et notre société, et de disséminer l’information en lien avec cette initiative.