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Le Centre National de Génétique est devenue une réalité

Le Centre National de Génétique est devenue une réalité
2019 11-27

Dans le cadre du rapport annuel 2018 du LNS, nous avons réalisé une série d’interviews et de reportages pour mieux présenter le LNS à travers son personnel et ses différents départements. Voici le sixième interview qui met en scène le Dr Barbara Klink, chef du Centre National de Génétique, suivi du reportage correspondant. Bonne découverte!

 

2018 a été une année charnière pour le département de génétique. Mis en place en 2016 dans le but de créer un centre national de génétique humaine tel que prévu dans le Plan National Cancer (2014-2018), le département de génétique est officiellement devenu cette année le Centre National de Génétique (CNG).

« Le CNG a pour objet de couvrir tous les aspects de la génétique nécessaire au Luxembourg, notamment en assurant des soins médicaux complets et en proposant des analyses génétiques pour l’ensemble de la population », poursuit le Dr Barbara Klink, une spécialiste en génétique humaine nommée en mai 2018 à la tête du nouveau centre. « Sont compris, entre autres, le conseil génétique et la gestion des patients dans un contexte multidisciplinaire, un large spectre de diagnostics pour les maladies héréditaires et la caractérisation génétique des cancers pour les indications diagnostiques et thérapeutiques. Nos missions nécessitent en outre le développement constant et la mise en place de nouveaux tests et méthodes génétiques pour réaliser des diagnostics actualisés ainsi que des travaux de recherche translationnelle centrés sur la santé des patients. Le CNG donne également des avis d’experts aux différentes parties prenantes (comme, par exemple, les médecins, les représentants du ministère de la Santé et les participants au Plan National Cancer). Nous avons activement pris part au Plan National Maladies Rares qui a démarré en 2018, aussi bien dans le conseil d’administration que dans des groupes de travail spécifiques. Enfin, depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi du 8 mars 2018 relative aux établissements hospitaliers, tous les tests de diagnostic génétiques effectués au Luxembourg doivent être pris en charge par le CNG. »

DES OBJECTIFS AMBITIEUX ET DÉJÀ DE BELLES RÉALISATIONS

Pour réaliser ces objectifs ambitieux, le centre a dû opérer un développement profond et rapide. « Et nous n’en sommes qu’au début », précise le Dr Barbara Klink. « De nombreux collaborateurs, moi y compris, ont été engagés en 2018 et le processus de recrutement est loin d’être terminé. Des postes clés sont toujours vacants. Trouver des spécialistes en génétique est un véritable défi car la discipline est nouvelle, complexe et se développe rapidement. Environ 80% des 8.000 maladies rares identifiées sont d’origine génétique et 85% d’entre elles ne disposent pas à ce jour de traitement permettant d’en guérir. Grâce aux nouvelles techniques comme le séquençage de nouvelle génération (Next Generation Sequencing ou NGS), nous découvrons d’année en année de plus de plus de mutations de gènes à l’origine de nombreuses maladies. »

Face à tous ces défis, le centre a su aboutir à des résultats significatifs pendant cette courte période de temps. « Pour couvrir le spectre des méthodes génétiques indispensables au Luxembourg, des diagnostics sont réalisés au sein des unités de cytogénétique, de génétique moléculaire et d’hémato-oncologie », explique le Dr Barbara Klink. « Dans toutes ces unités, il y a eu un accroissement considérable de l’activité de diagnostic durant ces deux dernières années. En 2018, 7.987 tests génétiques ont été effectués contre approximativement 4.200 en 2016. Nous nous attendons à une augmentation de près de 50% en 2019 – plus de 11.000 tests sont prévus. Une autre phase importante en 2018 a été la création de LuxGen. Cette plateforme de séquençage commune au Luxembourg Institute of Health (LIH) et au LNS et installée au sein du CNG nous permet de réaliser des analyses génétiques basées sur la toute dernière technologie de séquençage de nouvelle génération (NGS) et ce dans tous les domaines. De nouveaux tests ont également été mis au point : un test génétique pour la mucoviscidose en diagnostic de routine en janvier 2018 et un diagnostic génétique des maladies tumorales héréditaires à l’aide d’un panel de séquençage multigénique en avril 2018. Une plateforme de test non-invasif prénatal (NIPT) pour les trisomies 13, 18 et 21 (syndrome de Down) a été acquise en décembre 2018. Nous prévoyons de l’utiliser en diagnostic de routine d’ici le troisième trimestre 2019 avec un nombre de tests oscillant entre 5.000 et 6.000 par an. »

« Nous avons également franchi une étape décisive en direction d’une médecine personnalisée du cancer au Luxembourg », ajoute le Dr Barbara Klink. « Nous sommes actuellement en train d’analyser les différents types de pathologies cancéreuses pour permettre à l’avenir une caractérisation plus globale des cancers. Ces tests ne font pas partie des diagnostics de routine et ne sont limités qu’à des cas particuliers, là où les traitements ordinaires ont échoué. Ils nous aident à identifier les traitements alternatifs possibles et sont réalisés conjointement avec le Centre National de Pathologie (CNP) du LNS et l’Institut National du Cancer (INC). En outre, depuis décembre 2018, le CNG et le CNP participent aux Réunions de Concertation Multidisciplinaires (RGP) récemment mis en place par l’Institut National du Cancer (INC). »

DES CONSULTATIONS DE CONSEIL GÉNÉTIQUE EN FORTE AUGMENTATION

Le conseil génétique constitue une autre partie importante des activités du CNG. Il a pour mission d’informer les patients ainsi que leur famille sur leur maladie génétique : sa nature, son mode de transmission, les risques pour les autres membres de la famille, les tests génétiques pour en établir ou en confirmer le diagnostic.

« Nous travaillons en étroite collaboration avec les hôpitaux et les médecins des différentes disciplines », poursuit le Dr Barbara Klink. « Lorsque ceux-ci suspectent une maladie génétique, en fonction de son type et de sa complexité, soit ils nous envoient un échantillon pour analyse, soit ils orientent leurs patients vers notre centre pour un conseil génétique. Nous en discutons également au cours de nos réunions interdisciplinaires. Dans tous les cas, si le résultat du test pathologique se révèle positif, nous le communiquons et l’expliquons au patient dans le cadre de nos consultations de conseil génétique. Avant que nous puissions réaliser un test génétique, nous avons besoin du consentement éclairé du patient. Cette étape est cruciale car un test génétique peut avoir des conséquences importantes, non seulement pour les individus eux-mêmes mais aussi pour leurs familles. Nos consultations concernent les maladies génétiques constitutionnelles comme la déficience intellectuelle ou la prédisposition génétique à des cancers ainsi que le conseil génétique préconceptionnel et prénatal. »

« Le nombre de consultations de conseil génétique a considérablement augmenté en 2018. Nous avons conseillé plus de 780 familles, soit 918 patients, contre seulement 460 l’année précédente. Depuis octobre 2018, nous proposons nos consultations en français, en allemand et en anglais. De plus, nous participons aux réunions hebdomadaires multidisciplinaires prénatales au CHL. Nous avons pour objectif d’augmenter notre activité de conseil – nous tablons sur environ 2.000 familles par an dans les prochaines années – et notre travail interdisciplinaire en fonction de nos capacités. »

« Le CNG est un projet excitant », conclut le Dr Barbara Klink. « Nous abordons tous les domaines de la génétique humaine : du diagnostic aux activités académiques en passant par les services cliniques et la recherche translationnelle. »