Une nouvelle publication vient de paraître. Elle explore le comportement de 4 lignées génétiques de Campylobacter jejuni communément identifiées dans les infections humaines et reconnues comme endémiques au Luxembourg.
Dr. Catherine Ragimbeau, Microbiologiste en génomique bactérienne de l’Unité Epidémiologie et Génomique Microbienne, et sa doctorante Morgane Nenning diplômée cette année 2022, ont conduit cette étude dans le but de confirmer l’hypothèse que des souches d’une même lignée génétique auraient des capacités d’adaptation environnementales contribuant à leur survie et à leur persistance spatio-temporelle.
Retrouvez ci-dessous le résumé de l’étude :
Campylobacter jejuni est la principale cause de maladies diarrhéiques bactériennes dans le monde mais ne semble pas être impliqué dans de grandes épidémies comme d’autres pathogènes d’origine alimentaire. L’espèce est caractérisée par un degré élevé de diversité génétique, principalement due à des échanges génétiques horizontaux. C. jejuni est un pathogène microaérobie strict, capnophile et thermotolérant. Compte tenu de ses exigences de croissance, sa capacité à persister dans l’environnement agro-alimentaire et à être transmis tout au long de la transformation des aliments a longtemps laissé les scientifiques perplexes.
Dans notre étude précédente, nous avons démontré que la structure de la population génétique de C. jejuni contient en partie des clones fondateurs qui par expansion persistent sur de longues périodes allant jusqu’à 13 ans au Luxembourg. Compte tenu de la présence de ces génotypes stables, nous avons émis l’hypothèse que les souches appartenant à une même lignée pourraient exprimer des capacités d’ adaptation environnementales qui favoriseraient leur survie et leur persistance spatio-temporelle. En utilisant des tests phénotypiques dans des conditions contrôlées et des analyses génomiques fonctionnelles à partir des données du core génome MLST, nous avons étudié le lien possible entre les traits phénotypiques et l’émergence ou la persistance de ces génotypes. D’après nos analyses, une combinaison de réponses biologiques indépendantes était spécifique à chaque lignée. Ces données suggèrent qu’une combinaison de différentes capacités phénotypiques, le métaphénotype, peut contribuer à l’adaptation et à la survie de ces lignées monomorphiques au fil du temps et à partir de sources diverses. Ces résultats indiquent également l’existence d’une pression de sélection derrière l’émergence et la persistance de ces lignées plus adaptées et résistantes aux différents stress environnementaux. A partir des analyses en génomique fonctionnelle, la présence d’un système de sécrétion (SS) T6 potentiellement fonctionnel chez les souches de la lignée D pourrait expliquer la grande capacité de ces souches à produire des biofilms. Il est intéressant de noter que l’une des cibles spécifiques de cette lignée est une ATPase appelée RloA, qui confèrerait un mécanisme T6SS complet et fonctionnel. Toutes les autres lignées possédant des gènes T6SS présentent un système de sécrétion incomplet.
Les résultats suggèrent l’existence d’épidémies diffuses causées par des souches de C. jejuni mieux adaptées et persistantes aux stress environnementaux tout au long de la voie de transmission à l’homme.
Cette étude fait partie du projet CampylOmic financé par le FNR (C17/BM/11684203) et a été présentée par Morgane Nennig pour sa soutenance de thèse au LNS en mars 2022.
Front Microbiol. Nennig M, Clément A, Longueval E, Bernardi T, Ragimbeau C, Tresse O. 2022 Sep 7;13:901192. doi: 10.3389/fmicb.2022.901192. PMID: 36160185; PMCID: PMC9490421.
En savoir plus :