Lors de la présentation officielle du premier Plan National Antibiotiques 2018-2022 (PNA) le 6 mars, le directeur du LNS, le Pr. Dr Friedrich Mühlschlegel, a eu l’occasion de mettre en avant le rôle que le Laboratoire national de santé jouera au niveau de l’antibiorésistance. En effet, le département de microbiologie du LNS a été désigné pour mettre en place la plateforme de centralisation des données relatives à l’antibiorésistance provenant du secteur humain et vétérinaire.
En Europe, plus de 25.000 personnes meurent chaque année suite à des infections associées aux soins ou des infections communautaires causées par des bactéries multirésistantes. La résistance aux antibiotiques est devenue une des plus importantes menaces de la santé publique. L’objectif général du PNA est de réduire l’émergence, le développement et la transmission des antibiorésistances au Luxembourg à travers une approche « One Health », pour assurer une participation intégrée de tous les secteurs pertinents, y compris la santé humaine et animale, l’agriculture, l’environnement, les consommateurs et la recherche.
En juin 2017, un premier état des lieux de la situation en matière d’antibiorésistance au Luxembourg a été réalisé par des experts de l’European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC) et de la Direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire de l’Union Européenne, accompagnés d’experts de différents pays européens. Les experts de l’ECDC ont visité, entre autres, les quatre établissements hospitaliers et le Laboratoire national de santé. Le LNS a ainsi été, dès le début, impliqué dans l’élaboration du plan aussi bien au niveau du comité de pilotage multidisciplinaire et multisectoriel que dans le groupe de travail « surveillance » déterminant par la suite les mesures prioritaires et les activités à mettre en place.
Le Plan National Antibiotiques a été divisé en 5 axes stratégiques, à savoir gouvernance, prévention – éducation – communication, traitement & diagnostic, surveillance et recherche. Le département de microbiologie du LNS avec son équipe d’experts intervient au niveau de l’axe de surveillance.
Axe surveillance
Cet axe consiste à élaborer un système national de surveillance des antibiotiques (consommation d’antibiotiques, présence d’antibiotiques, de résidus d’antibiotiques et de bactéries résistantes et antibiorésistance) et à renforcer la surveillance des infections associées aux soins. Le service de bactériologie-mycologie-antibiorésistance et hygiène hospitalière du département de microbiologie jouera un rôle majeur en hébergeant et en paramétrant la plateforme de centralisation des données de résistance aux antibiotiques en santé humaine et animale. Ainsi cette dernière centralisera les données collectées par les laboratoires des hôpitaux, les laboratoires privés, le laboratoire de médecine vétérinaire de l’Etat ainsi que par le LNS. Ceci permettra d’améliorer les connaissances sur l’antibiorésistance au Luxembourg et d’identifier les actions à mettre en place afin de lutter contre l’émergence de résistances nouvelles.
Le défi sera de taille car cette nouvelle plateforme devra être compatible avec tous les équipements performants utilisés en microbiologie ainsi qu’avec les divers systèmes informatiques employés par les laboratoires. L’extraction automatique et périodique des données de chaque site se fera via une transmission sécurisée et anonyme (par cryptage). La standardisation des données passera par l’envoi de données brutes et l’interprétation via un système expert unique (conforme aux recommandations EUCAST). Une harmonisation des critères d’interprétation de résistance entre les secteurs humain et vétérinaire aura lieu en amont.
L’analyse des données permettra de suivre l’évolution les résistances, d’en surveiller l’incidence et la prévalence, etc. Les données de résistance aux antibiotiques seront par la suite mises à disposition des instances nationales concernées et transmises aux réseaux de surveillance européen (EARS-Net) et mondial (GLASS). Par ailleurs, l’équipe multidisciplinaire confrontera également ces données récoltées avec les données de consommation des antibiotiques.
La mise en œuvre du Plan National Antibiotiques entrainera une implication forte du LNS et de son département de microbiologie et s’intègre parfaitement dans la volonté du Laboratoire national de santé d’exceller en matière de santé publique. A ceci se rajoute également la participation du département de microbiologie à l’ambitieux programme de recherche MICROH (Microbiomes in One Health) coordonné par le Pr Paul Wilmes du LCSB qui permettra aux équipes du LNS de proposer des projets de recherche attractifs, dans le domaine de la microbiologie, à de jeunes doctorants et ainsi de se positionner davantage dans le contexte scientifique luxembourgeois.