Le CHEM, en collaboration avec le Laboratoire national de santé et l’Université du Luxembourg, a convié mi-novembre tous les acteurs luxembourgeois actifs dans le domaine de la Médecine Environnementale, ainsi que de nombreux experts internationaux, au premier workshop international au Luxembourg dédié à ce thème.
L’État était représenté par un membre du ministère de la Santé ainsi que du ministère de la Sécurité Sociale. Étaient également présents, des représentants de l’AMMD (Association des Médecins et Médecins Dentistes) ainsi que de plusieurs associations comme AKUT (Groupe d’action pour la toxicologie de l’environnement), SCENTE (Science – Santé – Environnement), ALMEN (Association Luxembourgeoise de Médecine de l’Environnement) et des experts de la Médecine du Travail et Environnementale luxembourgeois, belges, allemand et français.
Le 20 novembre, le CHEM a invité tous les acteurs clés impliqués dans cet important projet à une table ronde internationale afin de présenter et échanger, en toute transparence, sur le sujet de la “Médecine Environnementale au Luxembourg” en tant que concept fonctionnel fondamental et de développer ensemble les prochaines étapes opérationnelles.
Contrairement à l’attention exclusive accordée jusqu’à présent aux lits structurels et aux bâtiments, l’objectif est maintenant de développer, d’un point de vue médical, le concept fonctionnel fondamental de la “Médecine Environnementale” au Luxembourg, en collaboration avec le LNS, Uni.lu et CHEM. Ce concept est basé sur les compétences déjà existantes au sein du LNS et d’Uni.lu ainsi que sur les connaissances des médecins qui travaillent dans le domaine de la Médecine Environnementale au Luxembourg.
Après les efforts déployés au cours des 20 dernières années pour établir la Médecine Environnementale au Luxembourg, tous les participants estiment que le moment est venu de travailler sur le sujet à partir du noyau dur, avec les solides compétences du LNS et d’Uni.lu, et de présenter le concept global pour validation au Ministère avant le 15 mai 2022.
Il ne s’agit pas de la mise en application d’un concept adapté de l’étranger, mais de l’opportunité d’établir la “Médecine Environnementale” comme une discipline médicale convenablement ancrée et mise en réseau au Luxembourg. Cela inclut également une éducation approfondie et des formations continues adaptées pour les médecins généralistes, les oncologues, les neurologues et les pédiatres, ainsi qu’une recherche scientifique plus large orientée vers la Médecine Environnementale au sein de ces disciplines.
Les maladies chroniques sont en augmentation. Nous sommes tous exposés chaque jour à de nombreux facteurs de stress biologiques, physiques et chimiques. Pour les substances chimiques, les effets dus aux mélanges de composés chimiques combinés aux vulnérabilités individuelles, par exemple les interactions gène-environnement, sont encore largement inconnus. Les maladies liées à l’environnement nécessitent une analyse et un diagnostic minutieux, dans lesquels la perspective holistique est prise en compte. Si cela est indiqué, une thérapie appropriée doit suivre. Dans l’ensemble de ce processus, le patient est au centre des préoccupations, et il peut être judicieux de développer des trajectoires appropriées au sein de la nouvelle discipline afin de s’assurer que chaque patient est soutenu, informé et suivi de près tout au long de la chaîne médicale.
Pour le moment, nous élaborons 3 pierres angulaires majeures dans le concept fondamental de la Médecine Environnementale au sein du CHEM. Il est clair qu’au fil du temps et de l’élaboration du projet, d’autres piliers pourront et seront ajoutés.
Les trois pierres angulaires sur lesquelles nous nous concentrons actuellement dans le cadre du partenariat CHEM – Uni.lu – LNS sont les suivantes :
Premièrement, les consultations au CHEM : à partir d’avril 2022, nous prévoyons des consultations par des médecins spécialistes dans des services ambulatoires. Ce service serait intégré dans la discipline de la médecine interne. Le scénario que nous cherchons à atteindre est celui dans lequel le service ambulatoire soutiendrait les médecins généralistes et les médecins spécialistes d’autres disciplines dans l’élaboration du diagnostic différentiel pour les maladies/troubles pour lesquels un lien potentiel avec l’environnement est/pourrait être suspecté. En pratique, le patient consulte son médecin généraliste ou son médecin spécialiste. En cas de suspicion de causes environnementales, le patient est orienté vers le service de consultation. Lorsque le diagnostic est clair, le patient retourne chez son médecin pour le traitement et le suivi médical. Les patients pourraient également consulter directement le service de consultation. Cependant, afin d’assurer un suivi adéquat par la suite, le service ambulatoire conseillera au patient de se rendre chez un médecin généraliste et/ou un autre médecin spécialiste. Au fil du temps, nous considérerons donc ce service ambulatoire comme un “centre spécialisé de deuxième ligne” pour les maladies et troubles environnementaux plus complexes. Il pourrait également être éventuellement élargi aux troubles et maladies professionnels plus complexes. Le patient reste, un maximum, entre les mains et aux soins de son médecin généraliste ou de son médecin spécialiste.
Deuxièmement, l’éducation et la formation du personnel médical : ceci en étroite collaboration avec Uni.lu et en apportant une expertise internationale au Luxembourg. Nous prévoyons des séminaires pour les médecins spécialistes et autres professionnels de la santé, afin de les familiariser avec les symptômes/syndromes qui pourraient être potentiellement liés à l’environnement (ou à une activité professionnelle), et pour lesquels il peut être conseillé de référer le patient aux consultations externes. Nous prévoyons également des ateliers sur des thèmes plus globaux, comme par exemple le changement climatique. Enfin, un cours sur les “facteurs de risque environnementaux et professionnels” a été inclus dans le Bachelor de la Faculté de Médecine à partir de cette année académique.
Troisièmement, la politique de recherche scientifique inscrite dans les cadres Européen et international : actuellement, une cohorte1 de femmes enceintes est en cours de mise en place pour étudier l’impact de l’exposition prénatale et précoce à des facteurs environnementaux sur la santé des enfants. Les enfants seront suivis jusqu’à l’âge de 12 ans. Nous allons commencer la cohorte au CHEM, et plus tard, nous pourrons l’étendre à d’autres hôpitaux à la demande des acteurs concernés, le cas échéant. Cette cohorte sera encadrée par le LNS et intégrée dans le prochain Partenariat Européen pour la Santé sur l’Évaluation des Risques Chimiques qui est en cours de préparation par la Commission Européenne et les différents États membres. Pour le Luxembourg, le Ministère de la Santé fait partie du conseil de direction et le LNS est le gestionnaire du programme et signataire de la convention.
Nous avons également élaboré deux réflexions avec les principales parties prenantes au cours de l’atelier :
La première réflexion portait sur la nécessité de prévoir un certificat en Santé/Médecine Environnementale pour les médecins généralistes. Un tel certificat a été initié par le Ministère de la Santé il y a 20 ans. Au cours de l’atelier, il est apparu clairement que les principales parties prenantes sont favorables à un tel certificat, proposé cette fois par Uni.lu. En parallèle, le partenariat CHEM – Uni.lu – LNS établira un accès direct avec les médecins généralistes afin de développer d’avantage le concept fonctionnel fondamental, y compris des propositions pour un modèle conceptuel de remboursement des médecins généralistes. Une anamnèse approfondie avec investigation clinique étant les fondements de la nouvelle discipline, il est clair que les médecins généralistes doivent être correctement rémunérés pour ce travail Le concept de base de la Médecine Environnementale intègre également le service ambulatoire environnemental existant au Luxembourg, avec les analyses indispensables et les mesures d’assainissement dans le domaine structurel domestique
Une deuxième réflexion a porté sur la nécessité de disposer de lits structurels spécifiquement attribués à la discipline de la Médecine Environnementale. Comme indiqué précédemment, le partenariat CHEM – uni.lu – LNS veut d’abord se concentrer sur le développement du concept fonctionnel fondamental et d’une perspective médicale, puis définir en conséquence ce qui est nécessaire en termes d’infrastructure.
Le Directeur Général du CHEM est conscient de l’importance de la question et a décidé de continuer à superviser le sujet dans une position de leader.
1 Groupe à examiner dans un ensemble de personnes d’un plus grand groupe